Les chiens ne font pas des chats. La pomme ne tombe jamais loin du pommier. Tel père, tel fils. Autant d’expressions toutes faites qui veulent tout et rien dire. Depuis presque vingt ans, le japonais Kore-eda s’attache à comprendre ce qu’est la famille. Un concept très complexe que le cinéaste arrive à étudier avec brio avec le récent I Wish. Aujourd’hui, il fait encore éclater la cellule familiale en faisant découvrir à deux couples que leurs enfants respectifs ont été malencontreusement échangés à la naissance.

Quand il vise l’humanité la plus profonde, le cinéma japonais brille par sa simplicité, ses dialogues mais aussi ses symboles. On comprend avec une mise en scène épurée l’importance que doit avoir la communication entre un père et son fils. Avec cette famille déstructurée, on voit que le garçon est obligé de prendre la place de ses parents et d’assumer leurs propres choix. Vient alors le jour où l’innocence prend son envol pour ne plus jamais revenir, et laisser place à la dure réalité de l’existence. Face à une telle nouvelle, le couple est contraint de subir une crise interne au sein de sa relation : qui est coupable, quelles solutions adopter ?

La dernière œuvre de Kore-eda joue sur le même rythme que ses travaux précédents, de façon lente et constructive. Grâce à la présence d’un appareil photo, on saisit la place que devrait avoir la figure paternelle pour son fils et quel rôle il doit prendre. Mais le réalisateur nous affirme bien que tout n’est pas si simple, et qu’il faut remonter loin dans le vécu familial pour analyser le comportement humain. Quand sociologie et septième art se mélangent pour aboutir à une grande réussite.

Dans Tel père, tel fils, on comprend donc beaucoup de choses, mais peut-on vraiment se mettre à la place de ces protagonistes ? Non évidemment, car il faut affronter cette épreuve pour, si ce n’est la comprendre, du moins l’appréhender. Se pose donc la question universelle de l’innée et de l’acquis, du sang et de l’éducation, remettant en cause toutes vérités a priori établies.
Hugo_Harnois_Kr
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 févr. 2014

Critique lue 205 fois

1 j'aime

Hugo Harnois

Écrit par

Critique lue 205 fois

1

D'autres avis sur Tel père, tel fils

Tel père, tel fils
Sergent_Pepper
7

Autorisation (trans)parentale.

Le cinéma asiatique semble avoir un don propre à sa culture, (que, je le confesse, je connais assez mal) qui consiste à dire beaucoup dans la pudeur. Dans un milieu où il n’est pas commun de formuler...

le 12 mai 2016

57 j'aime

6

Tel père, tel fils
Gothic
7

En-cas d'urgence, brisez la glace

13h35: quelques minutes seulement avant le début de la projection, PFloyd, Noménale et moi nous retrouvons devant le ciné. Je suis presqu'en retard, on dirait mon père. Ambiance légère, quelques...

le 20 janv. 2014

49 j'aime

24

Tel père, tel fils
Gand-Alf
8

L'échange.

Prix du jury à Cannes en 2013 et présenté dans de nombreux autres festivals, "Tel père, tel fils", le nouveau film du japonais Hirokazu Kore-Eda, raconte l'histoire de deux familles au statut social...

le 16 janv. 2015

45 j'aime

1

Du même critique

Citizenfour
Hugo_Harnois_Kr
4

Critique de Citizenfour par Hugo Harnois

Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...

le 17 mars 2015

17 j'aime

2

Didier
Hugo_Harnois_Kr
8

Critique de Didier par Hugo Harnois

Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...

le 9 févr. 2014

17 j'aime