Une autre pièce maîtresse qui vient s'incruster parmi tous les autres chefs-d'oeuvre qui dépeint avec brio l'image de la famille. Plus sobre que Nobody Knows ou encore The Wish, le film se rapproche de Still Walking. Kore-eda traite une nouvelle fois de manière magnifique d'un sujet délicat qui a fait l'actualité du Japon dans les années 70 où le pays a connu d'innombrables cas d'échanges de bébés, un terrible incident qui a causé de nombreux problèmes à des familles qui ont appris la vérité plusieurs années plus tard. La question ici pour nos deux familles bouleversées par cet événement: privilégier le lien du sang ou celui de 6 années passées ensemble? Deux familles diamétralement opposées: D'un côté un couple aisé et leur fils Keita qui bénéficie d'une éducation très stricte mais qui peine à faire la fierté de son père qui souhaite faire de lui son digne successeur. De l'autre, une famille très simple de 3 enfants dont Ryusei qui jouit pleinement de son enfance et qui est traité avec énormément d'affection et d'amour. Pour certains la question ne se poserait peut-être pas, pour d'autres ce serait différent... Tout est question d'éducation, de principes, de fierté, de façon de penser, de cœur... Désorientés ou non par le choix des parents, on ne peut être insensibles à l'incompréhension des enfants face à ce soudain changement qui vient leur voler leur enfance, chose qu'ils ne comprendront que bien plus tard. Keita et Ryusei sont obligés de créer des liens avec des gens qui étaient de parfait inconnus jusqu'alors et tenter de couper ceux qui, à l'origine, ne devraient pas être brisés.
Kore-eda marche sur l'eau et, comme d'habitude, nous touche sans chercher à absolument nous tirer des larmes. La musique est plutôt discrète, l'histoire très terre à terre. Il ne tombe jamais dans la facilité et donne à Tel Père, Tel fils cette aura si particulière, ce ton si léger dont seul le maître nippon a le secret.