Troisième long du duo formé d'Olivier Nakache et Eric Toledano,qui triompheront deux ans plus tard avec leur film suivant,"Intouchables".Ils en sont comme à l'accoutumée réalisateurs,scénaristes et dialoguistes et appelons-les pour simplifier les Nakadano,ça fait cinéaste japonais,c'est chic et de bon goût.Le film est produit par Mars Films,la société du mongolo Stéphane Célérier qui voulait importer le "feel good movie" en France et n'a réussi qu'à démouler une invraisemblable quantité d'étrons bien puants prouvant que les américains sont nettement plus doués que les français dans cet exercice."Tellement proches" ne déroge pas à la règle et s'embourbe résolument dans toutes les ornières jalonnant son chemin.Le sujet principal est la famille,ses aléas,ses contentieux,ses joies et ses peines.Le couple d'Alain et Nathalie traverse une grave crise,surtout due à l'égoïsme et l'irresponsabilité du gars,un comique raté dont l'apogée fut sa carrière d'animateur au Club Med et qui ne veut pas renoncer à ses rêves de gloire.Il ne travaille pas et se comporte en toute circonstance comme un gamin,laissant sa femme galérer entre boulot,tâches ménagères et éducation de leurs deux fils.Nul jusqu'au bout,il ne supporte pas la famille de son épouse et reste dans le déni face aux problèmes posés par leur aîné,un môme de dix ans qui est un sale petit connard complètement taré.Enfin,à notre époque évoluée post-Dolto on dit plutôt un enfant hyperactif.Après un sympathique repas familial chez le frère de Nathalie qui va tourner à la rixe,tout va exploser,à commencer par le gentil petit couple.Il faut dire que le reste de la smala c'est quelque chose,la constante du film étant que tous les personnages sont stupides,désagréables,antipathiques et à moitié fous.Jean-Pierre,avocat minable et fauché,et sa dulcinée Catherine sont des "freaks control" allumés au possible,m'as-tu-vu,prétentieux et psycho-rigides.Il y a aussi Roxane,la petite soeur,une débile hystérique cherchant désespérément à se caser qui a réussi à alpaguer un médecin opportuniste surtout préoccupé de convoler afin d'éviter une mutation à Amiens,punition ultime pour un parisien.Des protagonistes à la bêtise hypertrophiée,des situations outrancières poussées au max,les auteurs ont visiblement oublié de doser les ingrédients.Mais on ne s'arrête pas en si bon chemin et on développe autour de cette brouillonne chronique des éléments socio-politiques des plus pertinents.Les Nakadano sont anti-racistes,ce qui est original et courageux dans le cadre du cinéma français et,en bons petits soldats de la retape multiculturaliste,ils nous montrent un harmonieux mélange de populations diverses qui cohabitent en toute amitié.Bon,ce n'est pas toujours ce qui apparait dans la réalité de la vraie vie quotidienne mais le Monde vu des studios parisiens ne revêt pas tout-à-fait le même aspect et l'expérience pluriculturelle américaine n'a semble-t-il nullement refroidi nos progressistes hexagonaux.Nous sommes alors plongés dans un saumâtre potage oecuménique qui fait siennes les paroles définitives autrefois chantées par le grand penseur franco-belge Johnny Hallyday:"on est tous frères sur cette Terre".Quoi qu'à bien y regarder,le discours des Nakadano est plus pernicieux qu'on pourrait le croire.Déjà,ils valident par leurs images les soi-disant fantasmes anti-immigrationnistes.Dans le film,il y a des étrangers partout,et de toute sorte,leur nombre étant supérieur à celui des autochtones.Ca correspond à la vérité ,du moins à celle de l'Ile-de-France,mais les auteurs en tirent des conclusions assez étranges,considérant que tout ça est très positif tant tout le monde s'entend à merveille.Cependant,à travers une lecture plus fine,on s'aperçoit que leur analyse contredit souvent les apparences du script car les différentes communautés sont subtilement stigmatisées.Les goys sont des dingues complètement à l'ouest,le noir est un intrigant calculateur,les arabes sont tous super sympas si l'on excepte le fait que ce sont tous des délinquants.Le sommet est atteint avec le collègue que Nathalie accepte d'héberger.Il est indien,ou pakistanais on ne sait pas trop,et assure qu'il viendra avec deux personnes.Au final,l'appartement sera squatté par une vingtaine de pakis.Si on avait mauvais esprit,on serait tenté d'en déduire que ces gens sont menteurs,sournois,envahissants et se reproduisent comme des lapins mais les Nakadano font passer la pilule en les décrivant comme très gentils,et puis leur hôte semble ravie de la situation,donc pas de lézard.La seule ethnie épargnée par cette stigmatisation caricaturale est celle des juifs,dont curieusement sont issus les réalisateurs,mais c'est probablement un hasard.Certes,on se moque gentiment du rigorisme judaïque,mais on découvre aussi que les écoles juives sont de loin les meilleures,au point que même les goys veulent y inscrire leurs gosses,que les chansons hébraïques sont très supérieures aux chants allemands,et surtout que l'apprentissage et l'observance de la religion et de la culture israélites sont les plus propices à faire des humains des êtres meilleurs.Et comment croire,même si l'action se situe dans les années 90,que les français sont tous des racistes arriérés incapables d'envisager qu'un noir puisse être docteur.Techniquement,c'est pas mal,les réalisateurs sachant filmer avec fluidité et aller chercher au bon moment dans les plans la personne qu'il faut mettre en évidence.D'autre part,certaines scènes sont gravement barrées et vraiment drôles,comme celles où Catherine reçoit ses nouveaux amis juifs,les fausses pellicules du père d'Alain ou les déboires de commis d'office de Jean-Pierre.Par contre,toute la fin du film sombre dans un poisseux mélange d'invraisemblance,de prévisibilité et de mièvrerie très symptomatique de ce genre de cinéma français.Les acteurs sont très bons en dépit du désolant niveau de leurs partitions.Vincent Elbaz,Isabelle Carré,François-Xavier Demaison,Omar Sy,Jean Benguigui et une Audrey Dana ultra sexy remplissent leurs obligations mieux que bien.Seule Joséphine de Meaux,aux prises avec un rôle décidément trop pénalisant,ne parvient pas à canaliser un trop-plein de surjeu.Belle galerie également de silhouettes et de caméos qui fait défiler du beau monde avec Lionel Abelanski,Lizzie Brochéré,Arsène Mosca,Catherine Hosmalin,Eric Naggar,Valérie Karsenti,Cyril Couton,Lannick Gautry,Ary Abittan,Wahid Bouzidi,Nicky Marbot,l'incroyable Renée Le Calm,90 ans à l'époque et décédée en 2019 à l'âge de cent ans,Laurentine Milebo,morte elle aussi mais beaucoup plus jeune en 2015,plus les permanents de chez Mocky Jean-Pierre Clami et François Toumarkine.La famille n'a pas été oubliée car la célèbre Géraldine Nakache,soeur d'Olivier,et le moins connu Raphaël Toledano,père d'Eric,font de petites apparitions ainsi que le bébé Benjamin Toledano,sans doute le fils du réalisateur.Notons en outre que beaucoup de ces comédiens ont été vus dans d'autres films des Nakadano.c'est le cas de Sy,de Meaux,Benguigui,Abelanski,Hosmalin ou Gautry.

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le 26 juil. 2020

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