Preminger pénètre cette fois à l’intérieur du Capitol pour nous dévoiler les machinations qui se tractent dans les corridors de la politique américaine. Nous sommes loin de la série House of Cards, mais le scénario tiré du roman d’Allen Drury paru en 1960 nous donne une bonne idée de la perversité de ces lieux de pouvoir. Le Président désire imposer son choix pour la nomination du prochain Secrétaire général, mais son candidat ne fait pas l’unanimité auprès des Sénateurs qui sont appelés à voter. La noble machine électorale se met alors en marche : commission d’enquête, campagne de salissage, faux témoignages, marchandage, chantage. Un monde sans pitié où tous les coups sont permis. Pour incarner le côté obscur du pouvoir on a fait appel à Charles Laughton, un acteur sur les derniers milles qui joue la suffisance et la dérision au fond la caisse comme s’il en-voyait promener la vie tout en entière. Il a d’ailleurs rendu l’âme quelques mois après la sortie du film. Dans l’autre coin du ring, Henry Fonda, prête son impassibilité et toute la classe qu’on lui connaît à l’homme de confiance du Président. La mort subite de ce dernier au beau milieu du scrutin vient souligner l’ineptie qui se dégage de la partisanerie politique et nous donne l’impression d’avoir assister à une tempête dans un verre d’eau. Les intérieurs du Capitol sont tournés sans flafla comme si le focus était mis sur les intentions machiavéliques des personnages. Mise à part certaines maladresses au niveau du scénario, cela est dans l’ensemble réussi.