Tenet : Nolan précepteur

Dire que le dernier film de Christopher Nolan était attendu relève du doux euphémisme.

Après une pandémie dévastatrice pour la population mondiale, mais aussi en conséquence, pour les salles de cinéma, on attendait LE film qui allait pousser le public à retourner se divertir dans les salles obscures. Et ce film a un nom : Tenet. Le dernier film d'un réalisateur adulé, parfois vénéré par certains le qualifiant comme un des plus grand réalisateurs de notre siècle. Je n'irais pas jusque là, mais il est vrai qu'il nous a offert de très grands moments de cinéma. Mais ses films, quand on les étudie avec un minimum de profondeur, cachent certaines choses. Des choses que Tenet ne fait que confirmer.
On s'explique.

Depuis un certain temps, quand on s'intéresse à Nolan et sa filmographie, on se rend compte que tous ses plus grands films (Inception étant l'exception qui confirme la règle, même si pour moi, il ne constitue pas un de ses plus grands films), à savoir Interstellar, Le Prestige, ou The Dark Knight, et bien tous sont écrits en collaboration avec Jonathan (ou dans le cas de Memento, adapté de l'oeuvre de ce dernier), le frère Nolan derrière entre autres la série Westworld de HBO. A chaque fois que le frère est là, l'écriture est de bien meilleure qualité, il faut l'admettre. C'est sur ce point que Christopher pêche, mais malgré ce point (l'écriture ce n'est pas tout), sa filmographie, et plus particulièrement son dernier bébé, montre que niveau image, action et idées visuelles, Nolan sait y faire, et pas qu'un peu.

Passons à Tenet, pour démontrer ces propos.

Dans le film, nous suivons un personnage du nom de "Protagoniste", campé par John David Washington (fils de Denzel), ex-agent de la CIA qui sera amené à prendre part à une opération de très grande envergure appelée "Tenet" (précepte). Aidé d'autres agents, notamment Neil, interprété par Robert Pattinson, il devra déjouer les plans d'un grand méchant russe, incarné par Kenneth Branagh, qui compte utiliser une technologie dévastatrice pour plonger le monde dans le chaos.
Et c'est pas plus compliqué que ça. Et c'est bien le problème. Parce que, comme d'habitude quand Chris Nolan écrit seul, on assiste à une intrigue d'apparence complexe, mais qui ici ne cache en fait rien de plus qu'un scénario qui s'apparente à un James Bond bas de gamme...
Pour ce film, rien de vraiment compliqué à assimiler, suivre le film correctement suffit amplement pour comprendre les tenants et aboutissants du scénario, reste malgré tout un petit twist sympathique à la fin du film.

Mais en fait, on comprend au fur et à mesure, que ce principe de temps inversé (je n'en révélerai pas plus), ne sert pas uniquement à cacher un scénario très simple, mais est surtout un artifice pour nous servir des scènes d'actions complexes, folles et dantesques. Et ça marche, et sacrément bien. Nolan ne s'est posé aucunes limites, il veut montrer un avion qui explose un mur, et bien il le fait, et pour de vrai, avec un vrai avion, et un vrai mur. Sur ce point de vue, on en prend plein les mirettes, et, après des mois et des mois en manque d'action au cinéma, et bien le plaisir est là, on pense notamment à un assaut final complètement dingue et visuellement vraiment inventif.
Dans Tenet, le spectacle est impressionnant et complètement réussi.

Par contre, sur la forme, quelques défauts persistent, notamment un mixage son catastrophique à certains moments, la musique (plutôt oubliable, même si elle habille bien le film, l'abscence de Hans Zimmer se fait sentir) couvre parfois beaucoup trop les dialogues qui en deviennent presque inaudibles, et c'est parfois franchement gênant, ajouté à un son toujours extrêmement fort.

Finalement, le gros morceau Tenet devient intéressant quand on s'intéresse à son titre lui même. Tenet, le précepte, la formule qui définit une règle, un art. Et bien c'est exactement ce qu'est Tenet, une définition méta de l'art by Nolan. On complique pour mieux divertir. Tenet est donc un pur film de Nolan, pour le meilleur et (un peu) pour le pire.

Mais aujourd'hui, on lui demande surtout d'être un divertissement efficace pour réattirer les foules dans les salles, et Tenet remplit très bien sa mission.