J’attendais ce film avec impatience. Christopher, j’ai presque tout vu de lui, c’est pas un de ces gugusses d’ Hollywood, qui pondent des films comme on torche un bilan comptable.
J’ai même embarqué des gens pour le voir, des personnes moins fans que moi, pour l’avant-première. A la sortie, je me suis senti vexé, presque humilié. Nan mais, Christopher, c’est quoi cette MERDE !!!
Pendant tout le film, j’ai eu l’impression d’assister à une conférence de BHL en finlandais. Pour le dire autrement, j’ai quasiment rien compris vu que je parle très mal finlandais, et qu’il me faut du temps pour disséquer les phrases, mais le peu que j’ai compris, j’ai bien vu que c’était du gros bullshit.
Le concept, d’entrée, est tout foireux : passés à travers un genre de machine, des objets, des gens, voient leur « entropie inversée». L’entropie, c’est la tendance d’une structure à se déstructurer dans le temps, ses éléments constitutifs retournant au chaos, tout en libérant de l’énergie. Par exemple, un mur de parpaings, si on attend suffisamment longtemps, va peu à peu se transformer en tas de gravas. L’idée directrice du film, c’est que le tas de gravas artificiellement « inversé », pour l’observateur non-inversé, va reprendre sous les yeux ébaudis de celui-ci, sa forme initiale de mur. Attention cependant, sur la même durée ! Et si c’est l’observateur, qui est inversé, l’effet est le même, mais dans l’autre sens, et c’est le monde dans son ensemble, qui semble marcher à reculons.
Je vous passe les explications laborieuses, mais très rapides, que nous fournit un personnage à un moment, mais en fait, grosso-modo, ces objets et ses gens à entropie inversée remontent la flèche du temps à rebours. La question de la causalité, essentielle à toute discussion sur le temps, est balayée d’un revers de main. Le projet de Nolan devient alors complètement débile : tous ces gens, ces objets, qui remontent le temps, ne subissent aucune altération du fait de leurs actions. Je m’explique : vous remontez le temps jusqu’à il y a une heure. Vous tuez le type qui a fait une rayure à votre bagnole. Alors, quelle raison vous aura poussé à remonter le temps ?
Pour être totalement honnête, aucun film traitant du voyage dans le temps n’évite les paradoxes. Le problème ici, c’est l’arrogance et la prétention. Le spectateur est submergé d’explications nébuleuses, crachées par des personnages pour lesquels tout cela semble évident. On a pas le temps de réfléchir à une réplique, qu’une autre arrive. On découvre tout au fur et à mesure, de nouvelles règles, de nouvelles possibilités. L’univers n’est pas cohérent dès le début. C’est un bombardement continue d’informations nouvelles. On a l’impression d’être complètement impuissant, attachés sur un train fantôme à dévaler un décors de carton pâte.
Le film souffre de très nombreuses lacunes. Tout embourbé dans ses délires temporels, Nolan oublie en route ses personnages, son intrigue. Et de faire appel à un bon compositeur. La musique, c’est un peu comme si un sourd essayait de composer un opéra, avec comme seuls instruments un canon de 75 et une scie égoïne. L’intrigue, il n’y en a pas vraiment, on découvre en même temps que le protagoniste. C’est très difficile de ressentir quelque chose, lorsqu’on ne connaît pas les enjeux. On suit donc notre héros, complètement largué dans un univers incompréhensible. Et qui, pour le coup, ne prend jamais de consistance. Ne devient jamais un personnage à part entière. Plutôt, un artefact, ou un agent immobilier qui nous montre toutes les pièces de la maison, sans jamais qu’on soit bien sûr qu’il s’agisse d’un véritable être humain plutôt que d’un cyborg.
Ah, j’oubliais, un truc qui m’a également beaucoup énervé : le personnage féminin. Comme on en fait plus : fragile, victimisée, dépendante du mâle. Certes, on est dans le thème du film : retour en 1950.
Pour conclure, parce que ça fait déjà un moment que je suis sur cette critique et que j’ai une vie : même les scènes d'actions sont pas si géniales, ce film est un foirage total.