Tout un film pour expliquer pourquoi on voit parfois des gens rouler en marche arrière à toute allure dans les rues !
Malheureusement l'idée, d'emblée postulée comme géniale (mais quand même pas suffisamment pour que nous soient expliquées les règles du jeu - on risquerait d'y voir clair), ne fait jamais vraiment scène. En effet les séquences semblent toujours "en-dessous" de la musique tonitruante, pas à son intensité. Au point même qu'une réplique dans le dernier tiers du film sonne comme l'aveu d'une démission du spectaculaire (au profit du néant) : "je ne me fais toujours pas aux oiseaux". C'est vrai que les oiseaux qui volent à l'envers (qui "dévolent") alors que les héros marchent à l'endroit, c'est bien ce qu'il y a de plus saisissant dans le film, quand le reste (cascades, courses de voiture, poursuites dans les couloirs, ouvertures de serrures, fusillades, cocktail sur un yacht) paraît banal voire académique. En fait, le coeur théorique du film est traité avec la même paresse que sa chair : tout nous est résumé à toute allure pour passer le plus vite possible à autre chose - mais pour passer à quoi, sinon à un autre résumé ?
Emotion zéro : cette femme prisonnière d'un contrat pourri passé avec son mari milliardaire (et russe - car le danger vient toujours d'ailleurs) suscite peu d'empathie. D'ailleurs elle ne pense qu'à son gamin pendant que les hommes sauvent ou détruisent le monde entier (j'avais envie de lui conseiller de prendre un avocat). Cette touche sexiste ouvre la voie du très allusif sous-texte homosexuel unissant le Protagoniste et Neil, tous deux pris dans des affaires... d'inversion ! Mais la bromance s'avère un peu peine-à-jouir, bien que John David Washington sanglote vaguement vers la fin sous les sourires virils mais équivoques (tout un art) de Robert Pattinson.