Le film qui devait sauver 2020, et qui n’a pas totalement réussi. On peut lui accorder des circonstances atténuantes.


Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un fan inconditionnel de Nolan, qui me semble être un excellent faiseur, mais beaucoup trop surestimé par un peu tout le monde. Je me souviens d’une émission sur France Inter qui se demandait si il était le nouveau Kubrick. Je pense que ça n’a jamais été son intention, donc évitons de lui donner cette ambition. Car il est loin d’avoir le génie d’un Kubrick.
Par contre, je reconnais volontiers qu’il est au dessus du panier à Hollywood. Et le semi échec de son Tenet n’est pas une bonne nouvelle dans un Hollywood qui ne jure que par les suites, reboot, reboot du reboot et autres franchises inusables.


Tenet a le mérite d’être un projet original dans tous les sens du terme. Et Nolan a ce talent incroyable de toujours réussir à créer une hype globale énorme autour de tous ses projets.
Les teasers mystérieux de celui là donnaient envie, tout comme son synopsis minimal et son genre nouveau. Une espèce de film d’espionnage temporel, ça ne s’est jamais vu, ou alors pas à ma connaissance.


Malheureusement, la première heure du film condense un peu tous les défauts du film. La 1ere scène d’action n’est pas très fluide, on peine à distinguer les personnages, on ne comprend pas très bien les enjeux (oui je sais qu’on est au début du film et que c’est normal, mais un minimum quand même non ?).
Ensuite, le personnage est briefé sur tout ce qu’il devra faire ensuite, et ce dernier l’assimile sans trop de soucis. Il comprend tout tellement bien qu’on nous a à peine expliqué la mission d’après, qu’on le voit déjà la réussir.
Tout s’enchaine trop vite, on ne comprend déjà pas grand chose, on nous laisse peu de temps pour le faire.
Donc cette 1ere h est assez ratée, mal construite dramatiquement, mal dialoguée, tout est déjà trop confus pour qu’on s’y intéresse vraiment.


Donc Nolan pèche là où il réussit d’habitude, introduire les enjeux dramatiques du film simplement pour ensuite avoir toutes les cartes en main pour tirer profit de tous les cordes dramatiques de son projet et envoyer le bousin sur les scènes d’action.


L’autre défaut majeur du film, (mais pour moi c’est un des défauts habituels de Nolan dans sa filmo), ce sont les personnages ! On passe sur le fait de ne pas nommer son personnage principal autrement que le Protagoniste, pour moi une petite facilité symbolique mais passe encore. Par contre, Elizabeth Debicki ou Kenneth Brannagh, au secours. Ce dernier fait son numéro de cabotinage insupportable et routinier chez Nolan, mais au bout d’un moment, il faudra que qqn finisse par lui dire qu’il est un des plus mauvais acteurs du monde.
Son personnage à elle est maladroitement caractérisé par un attachement à tout épreuve pour son fils (à peine incarné). Elle n’est définit que par cela… Et la romance amorcée avec Washington est assez peu crédible.


Pour finir sur les faiblesses du film, la scène de combat final est d’une laideur à n’en plus finir. Déjà, à ce moment du film, j’avais déjà fait une croix sur le fait de comprendre les enjeux dramatiques de toutes les cènes, et d’essayer de donner un sens à ce que je voyais. Mais la scène est tellement confuse, on identifie à peine les personnages qui sont présents à l’image…


Bon voilà, le film est rhabillé pour l’hiver je crois.


Mais en fait, ce qui est fou avec Tenet, et tous ses défauts, c’est que ça tient la route. Le film se rattrape sur d’autres choses et il le fait d’une manière tellement forte qu’il m’en reste pleins de positifs en sortant de la salle.


D’abord, on a quelques unes des meilleures séquences d’action que j’ai pu voir au cinéma depuis un moment, au niveau de MI4 et Fury Road, selon moi.
Et c’est un tour de force vu qu’on ne saisit pas tous les enjeux de ces scènes.
Les 2 scènes avec l’avion sont juste folles d’intensité et brillamment chorégraphiées. Même chose pour celle sur l’autoroute, qui m’a fait penser à celle de Matrix 2, qui souffre des mêmes problèmes dramatiques mais dont le brio visuel reste dans tous les esprits.


Tenet en fout pleins les yeux. Et après une seq globalement ratée (le combat visuel indéchiffrable), Tenet nous prend aux tripes au détour d’une scène d’adieux entre Pattinson et Washington. Cette scène qui clôt une histoire et en ouvre une autre est une trouvaille scénaristique fantastique. Et j’aurais aimé que le film en soit moins avare !
Car l’autre grande qualité du film c’est le duo Washington Pattinson, qui fonctionne parfaitement. Les 2 acteurs sont parfaits, et l’alchimie fonctionne à merveille.


En fait , le film fonctionne sur le lâcher prise : celui du personnage principal qui doit agir sans trop et celui du spectateur qui doit accepter de se laisser porter par l’enchainement de scènes d’actions hyper spectaculaires tout en n’en comprenant pas entièrement les tenants et les aboutissements (comme on peut le faire devant du Lynch, sauf que Lynch donne beaucoup plus de sens et de fond à ses films)
Si on y arrive la vision du film est vraiment une expérience divertissante et pas désagréable (passée la 1ere h). Mais 1 mois après, il n’en reste plus grand chose, ni en mystère ni en force de fascination. Alors dans 1 ans, 10 ans …

SimonDeschamps
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le 10 nov. 2020

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Simon Deschamps

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