Il paraît que Nolan a pensé son film comme un actioner bourrin dont on ne peut profiter qu'en mettant son cerveau sur OFF. J'en prends bonne note. Mais, considérant qu'un film doit se suffire à lui-même, et que, donc, l'intention entière du cinéaste doit transparaître dans son oeuvre, je n'en ferai rien: TENET sera ainsi traité sous l'ange du film de S-F au concept audacieux.
Il y a une sorte de mode qui commence à se répandre, celle du film à concepts: on trouve quelques idées cool (souvent, une seule, les autres n'étant là que pour agrémenter), et on bricole une vague histoire (ou un simple assemblage de péripéties sans véritable lien entre elles) qui servira de prétexte à l'exposition dudit concept. L'intérêt, c'est d'économiser sur l'écriture d'un scénario qui exploiterait le concept pour en tirer une histoire intéressante et intelligente, et se contenter de rabâcher le concept sous différents angles pour donner une illusion de progression. Ca semble surtout caractériser des réalisateurs relativement récents, et je m'en suis surtout fait la remarque en regardant du Denis Villeneuve, pour qui il ne m'a jamais semblé que raconter une histoire intéressante était une priorité.
Nolan m'avait déjà passablement agacé avec Interstellar, fait l'effet d'un laxatif avec Dunkirk, voici qu'il parvient à me scandaliser et à me lasser tout à la fois avec TENET. Pourquoi? Parce qu'il passe l'intégralité de son film à montrer différentes applications de son concept (l'inversion locale de l'entropie d'un objet pour lui faire remonter le temps): des balles qui sortent de leur impact pour rentrer dans le canon du pistolet réputé l'avoir tirée, un incendie inversé qui devient du gel, un bataillon qui se replie en transportant ses blessés AVANT de se lancer à l'assaut, et j'en passe et des meilleures. Evidemment, avec cette histoire de voyage dans le temps, l'essentiel se passe dans le futur, puisque ce serait une guerre qui y aurait été déclarée à ce moment-là (on ne sait pas trop pourquoi ni par qui). le problème, c'est que, outre le fait que le concept du film repose sur une compréhension imparfaite de l'entropie en particulier et de la physique en général, le film est plombé d'illogismes ainsi que de questions laissées sans réponses. Ce ne serait pas gênant s'il s'agissait d'un pilote de série, dont les épisodes à venir lèveraient le voile sur tous ces mystères. Mais, non. Ce n'est qu'un film, dont on ignore s'il est voué à avoir une suite. On se rend donc assez vite à l'évidence: le film multipliera les pistes, les mystères et les questions sans jamais satisfaire notre curiosité. Parce que c'est plus facile comme ça.
Dès lors, si on fait abstraction de ce concept fumeux, et certains aspects du films relativement fun au moins sur le papier mais dont on se demande l'intérêt (c'est quoi, cette histoire de tenaille temporelle? Quel le but d'envoyer un groupe d'assaut avec une temporalité inversée? Jamais le film ne nous l'expliquera ou nous le montrera), on a juste un bête film d'aventure-action avec un agent secret, façon 007 old-school, sauf qu'on n'est pas sûr de pour qui il travaille, et de qui il affronte en fin de compte.
Bref, à mon sens, TENET compte une bonne heure de trop, et se termine au moment où il aurait dû commencer.