" C'est fascinant, la connerie d'un mec amoureux !!! "

Bertrand Blier ne s'est pas contenté de jouer la provocation. Au-delà du délire, de la folie et du bon mot, sans omettre l'outrance du propos (Gérard Depardieu en pute, manteau de vison et lipstick dégoulinant), le cinéaste parle tout simplement du besoin d'amour. La forme a peu d'importance : un homme, une femme ; un homme, un homme ; une femme, une femme. Quelle importance ? La quête est la même, le désir est identique : l'amour, aimer, être aimé. Point...


La première scène de Tenue de soirée est à cet égard très significative. Monique (Miou-Miou) insulte avec véhémence son mari, une cloche, fou amoureux de la garce qui lui crache son venin à la gueule, un « Pauvre con ! Tu n'es qu'un nul, une merde ! ». Elle n'en peut plus. Qu'est-ce qu'elle fout avec cette lopette d'Antoine (Michel Blanc) ? Il n'est même pas capable de gagner du fric, tout juste bon à lui adresser des mots tendres, à la regarder pester contre lui. Un mâle arrive à la rescousse. Jean-Claude, alias Bob (Gérard Depardieu en voleur de charme), complet taille large et une écharpe de soie. Excédé par tant de haine, il balance une paire de baffes en plein dans la tête de Monique, un rien décontenancée : « Connasse ! Pouffiasse ! Tu n'as pas honte de parler ainsi à ton homme ? Tiens prends ça ! » Et il lui tend 5.000 ou 10.000 balles, peu importe, de quoi lui clouer le bec. Et voilà le spectateur embarqué dans la plus grande des folies, le plus exaltant des délires : Monique n'en veut qu'au fric de Bob. Lui n'en veut qu'à son mec, Antoine...


Tenue de soirée est un film qui n'a rien à démontrer. L'homosexualité n'y est pas enfermée dans un ghetto, on en rigole comme on rigolerait de l'adultère, sans en faire un monde à part. C'est une histoire d'amour comme les autres… à la condition d'accepter de suivre ce trio pendant un moment, sans chercher de pourquoi, de logique sur les réactions de ces crapules sympathiques et douloureuses. Le film se termine sur un "cul-de-sac", tout en restant drôle et en ne se fermant pas. Il passe à un cran supérieur dans l'onirisme et la folie : les personnages s'en vont en disant :


« On vous a raconté notre histoire. Bonjour chez vous ! »

Yoann_Carré
8
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le 22 juin 2018

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Yoann_Carré

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