Le moins pire de la série.

Je n'ai pas la prétention de dire des choses originales sur ce film. Je me souviens des années 1990 où l'on dissertait avidement dans Télérama pour savoir si ce film, oui ou non, était fasciste. J'avoue que ça brouille un peu ma manière de le regarder, je cherche des svastiskas dans les coins.

Au niveau scénario, il serait injuste de dire que l'idée de départ est idiote. Difficile de dire que l'histoire n'est pas prenante, d'autant que l'exposition met environ une heure à arriver, ce qui est une preuve d'intelligence (laisser le spectateur dans l'expectative le plus longtemps possible). Cependant, si on y prête un peu attention, l'idée de départ trahit bien l'intention de Cameron : faire un film avec plein de poursuites, un gars invincible qui prend d'assaut tout un commissariat, une explosion de camion à essence (très important, ça), etc... Peut-être Cameron a-t-il regretté que le script ne puisse pas intégrer une poursuite en hélicoptère. Miser autant sur l'action, c'est tout de même prendre le public pour une bande d'adolescents attardés en manque d'émotions fortes - et le réalisateur, de ce point de vue, ne s'est pas trompé. Le plus affligeant est l'évolution du personnage de Sarah Connor dans le film : présentée comme vulnérable et paumée au début (histoire qu'on la prenne en sympathie un max), elle prend vite le coup de conduire des 4X4 avec un pistolet sur les genous au cas où. A la fin du film, ça ne lui pose visiblement plus aucun problème : elle y prend même visiblement son pied.

Certains aspects du film ne passent clairement plus la rampe : l'arrivée du Terminator et de Reese en 1984, avec les chtis éclairs, fait très kitsch, et l'animation du T-800 après qu'il a perdu sa peau dissimule mal que certaines scènes sont en stop-motion, tandis que d'autres reposent sur une marionnette. Les scènes d'amour entre Sarah et Reese sont ridicules, mais à la rigueur on peut y trouver une certaine fraicheur (naïveté ?) du Cameron des débuts ; de toute façon, on ne va pas demander à ce brave James d'explorer la complexité des relations homme-femme. Certaines scènes inutilement dégueus n'apportent rien au niveau narratif et n'ont visiblement d'autres but que de faire peur aux filles dans la salle, qui du coup s'aggripent à leur voisin, ce qui permet ainsi aux teenagers du Middle West de conclure.

Je dirais qu'il y a deux points forts, dans ce film, et ils ne se situent pas du côté de Schwartzenegger :
1 - avoir choisi Linda Hamilton pour incarner Sarah Connor. Sans ce personnage, le film serait tout simplement risible. Le duel Reese vs. T-800 n'est pas intéressant en lui-même.
2 - Reconnaissons-le : les séquences représentant la dystopie dans le futur sont très réussies. Ce futur sombre, empli de débris sillonnés par des machines qui traquent des résistants en bandana a justement marqué un grand nombre d'autres oeuvres de fiction ou de jeux vidéos (Shadowrun, Flashback...) : c'est surtout pour sa postérité que ce film manichéen et bêbête mérite d'être mentionné.

Edit : Encore que, les scènes de l'apocalypse nucléaire imitent visiblement Le jour d'après, un vieux film catastrophe sur la guerre froide qui dégénère, que je vous invite à découvrir. http://www.senscritique.com/film/Le_jour_d_apres/462170

Hélas cette postérité a également ses démons : sans être historien des médias, j'imagine que "The Terminator" a contribué à convaincre les producteurs qu'il fallait un nombre minimum d'explosion et d'effusions de sang pour faire des entrées. D'où les "Demolition Man" et autres "Judge Dredd" de la décennie suivante.