Conflits générationnels: série ringarde pour certains VS intouchable pour d'autres. (No Spoil)

Destin funeste que celui de la franchise Terminator.
Après deux films classés au Panthéon des films d'Action et de Science Fiction réalisés à cheval sur deux décennies par le virtuose James Cameron; la franchise est restée en jachère pour réapparaitre le millénaire suivant avec un troisième épisode pastiche du précédent: la route vers ce destin était prise.
Car l'un des réels problèmes de cette franchise, est son étalage à travers le temps.
N'étant pas constamment présente tel un Star Wars à travers des cycles de trilogie, ou Marvel actuellement: Terminator a du mal à rester positivement dans les esprits et à entrer dans les coeurs des jeunes fans de blockbusters.
Les vieux fans campent d'un côté l'idée qu'il n'y a rien de mieux que les deux premiers (ils n'ont pas tord), et partent directement sur l'idée qu'une suite ne peut être que mauvaise (regardez avant de juger !).
Les jeunes ont cette idée de la franchise ringarde, car datée, sans forcément avoir réellement vu les premiers, alors que concrètement 6 épisodes en 35 ans, ce n'est pas énorme comparé à ce qu'aurait pu être une exploitation de celle ci par Mickey.

L'avantage avec cet épisode ? C'est que vous n'avez pas à vous handicaper en regardant Terminator 3 (mauvaise copie du deux au casting vide et scénar creux), Terminator Renaissance (aux idées intéressantes, réinventant certains aspects du mythe tout en étant respectueux mais avec des petits problèmes d'écriture) ou encore Terminator Genisys (au pitch de départ sympa mais partant très vite en couille...).
Ce Terminator Dark Fate est le VRAI Terminator 3 selon son maitre a pensé "Big Jim" Cameron.
On efface tout ce qui a été fait cette quinzaine d'années dernière.

Bon, sur ce, on est d'accord que vous mettez de côté vos a priori causés par ceci ?
On est d'accord également que l'on ne pourra plus jamais avoir un film de la trempe de Terminator 1 ou 2 ? Oui, le cinoche gros budget actuel ne permettrait plus de délires philosophiques surlignés, critiques de société ou de l'humanité d'une façon aussi développée.

Le postulat de départ de ce nouvel épisode est très simple, on le savait dès le départ: contentez les fans des tous débuts en y mettant le casting originel c'est à dire Schwarzy et Linda "Sarah Connor" Hamilton, et d'un autre côté apporté un jeune casting dans les deux camps, tel un passage de relai.

Linda Hamilton reprend très bien son rôle là où elle l'avait laissé 28 ans plus tôt. On retrouve la femme forte, véritable symbole de féminisme dont se targuent certaines prod' actuelles. Plus cynique, soupe au lait et indémontable qu'avant: ça fonctionne, Sarah Connor est là.
Schwarzy fait du cyborg autrichien, quelques lignes de texte avec quelques skuds placés: classique, efficace. Bon, quelques vannes discutables également, mais si on n'y réfléchit bien c'est déjà le cas depuis le 2.
Mais qu'en est il du nouveau casting ?

Et bien ça marche.
McKenzie Davis est un choix parfait dans son rôle d'humain amélioré envoyé dans le passé par la résistance. On dirait tout simplement une jeune Sarah Connor, forte d'esprit et de corps, au regard vindicatif. Dès les premières photos, cela semblait être une évidence, l'ayant aperçu à droite à gauche (Black Mirror, Bladerunner 2049...) son jeu allait être juste. Ne sombrez pas dans la bêtise des préjugés parlant non genré: elle est féminine, athlétique, forte.
Gabriel Luna, le Rev 9, quant à lui est un bon Terminator, plus perfectionné donc plus subtile mais l'on perçoit toujours la froideur perceptible chez ces machines.
Natalia Reyes, alias Dani, est le sujet de cette mission, la personne à abattre pour le cyborg tueur. Son évolution est intéressante et rappelle celle de Sarah dans le tout premier Terminator, rien à dire.

Qu'en est il du scénario ? Et bien cela ne vole pas très haut, mais si vous regardez bien, le premier non plus, mais cela ne l'empêche pas d'être un chef d'oeuvre de son temps. On n'a pas le temps de s'ennuyer, le rythme est bon. C'est un très bon divertissement, honnête et respectueux de ses aînés, posant les bases d'un potentiel futur pour la franchise qui pourra se permettre d'aller plus loin en terme d'écriture si cet épisode remporte un succès suffisant.

La mise en scène de Tim Miller n'a pas le génie de celle de son producteur, certains plans serrés semblent être là pour réduire les coûts de plans plus larges demandant plus de travail au niveau des décors par exemple, mais elle n'en reste pas moins généreuse et respectant les codes de la série.
Il en est de même pour la musique, ok ce n'est pas Brad Fiedel mais un peu de guitare sèche avec quelques naps de synthé: on est dans le thème !
Hélas, les FX sont parfois crades (gestion de l'ombre et de la lumière mais c'est un problème récurrent des films actuels aux FX torchés sur quelques mois/semaines)

Conclusion, que demander de plus dans l'échiquier du cinéma gonflé aux centaines de millions de dollars actuel ?
Comparez avec ce qui est comparable, et vous verrez que ce film est bon en soi, car ce film ne peut être comparés à ceux de Cameron pour de multiples raisons, mais il n'a pas à pâlir face aux succès de notre époque, et c'est ça qui compte.