« Le réveil de la force » de Terminator, et ce n’est pas un compliment

*



L'avenir inconnu se déroule vers nous. Je l'affronte pour la première
fois avec espoir.



*


C’est sur ces derniers mots remplis d’espoir que nous quittions 28 années plus tôt, Sarah Connor et son fils John. Cyberdyne Systems détruit, le T-1000, le bras et la micro-plaquette du premier Terminator ainsi que le nouvel modèle évaporés dans une cuve en fusion, on pensait que Les Connor avaient sauvés trois milliards de vies humaines de l’extinction. Skynet, l’intelligence artificielle responsable de la tragédie était éradiquée avant même de devenir autonome. Dark Fate porte bien son nom, sombre destin que sera la suite dont l’introduction reprend quelques jours après les faits survenus dans Terminator 2 : Le jugement dernier.


Cette scène brève, d’une tragédie et d’une injustice choque au point de ce demandé comment James Cameron a valider ça. A pleurer de rage, à vous donner envie de tout faire valser. Certains pestaient sur les choix de Terminator 3, Renaissance et Genisys, qu’ils s’apprêtent véritablement à cracher leur venin. Cette introduction n’était qu’un début, mes craintes allaient s’avérées justes. Jamais je n’aurai imaginé ressortir déçu, trahi d’un film de Terminator.


La franchise Terminator flinguée par Tim Miller ?!


Prenez tous le spectaculaire et cool des films Terminator, mettez y de la sauce Mexicaine, du féminisme et du modernisme, mixez le tout, et vous aurez Dark Fate. Visiblement, les scénaristes embauchés par James Cameron lui même ont un plus gros poil dans la main que ceux de T3 et Genisys et ne comptent pas utiliser leur imagination pour offrir aux fans de T1 et T2 une suite solide moins fainéante que leurs prédécesseurs. Skynet n'est plus, une nouvelle I.A baptisée LEGION remplace Skynet. Le choix de ce nouveau nom tellement primaire casse le mythe. Les directives et enjeux de cette nouvelle menace restent les mêmes à peu de choses près. Ce Dark Fate manque de TOUT ce qui faisait le charme des films de James Cameron alors qu’il est fun et bien foutu. L’absence de réelles émotions en est la cause, même T3 et Genisys étaient plus émouvants.


Du spectacle, vous allez en vivre, l’effet nostalgique, il se fera ressentir, toutefois, à chaque moment où vous tenterez de souffler après moultes courses et affrontements fous, cette petite voix objective dans votre tête tentera de vous ramener à la réalité. Et hop, une duperie supplémentaire faisant passer les nostalgeeks trentenaires et au-delà pour des idiots. Dark Fate n’a aucune originalité et quand il tente d’offrir quelques nouveautés scénaristiques s’articulant notamment autour des personnages de Grace et Dani Ramos via quelques flashforwards, tout manque d’intérêt à cause d’un mauvais développement des personnages. Où est le caractère humain propre à la franchise ? Presque disparu. James Cameron avait promis aux fans déçus de suites en suites, un VRAI troisième opus renouant avec ses deux premiers films. Dark Fate opte pour un remake idiot déguisé de Terminator 1 et 2 transposés dans le monde actuel et sa mentalité où l’on se servira du lieu où se déroule l’intrigue « le Mexique », pour parler immigration, centres de rétention de migrants illégaux. Terminator oblige, film de science fiction oblige, énième critique logique sur les dangers de l’évolution technologique « le cyber espionnage » et « le robot dépassant sa condition de robot » en tête de liste.


On prend approximativement la même structure narrative que les premières minutes de Terminator 1 et 2 avec un petit monologue intense (oui il fera effet malgré ta résistance émotionnelle), une vision glaçante du futur, l’entrée de notre héroïne, l'arrivée classique de nos deux robots venus du futur dans une sphère temporelle qui cette fois gèle l'environnement dans lequel elle apparait, le début de la traque, le premier sauvetage et confrontation, la première course poursuite, ect.


L’arrivée de Sarah Connor


en moins de 20minutes


vient à point nommer. Ou c’était elle, ou c’était Schwarzy, il fallait faire un choix. L’entrée de la plus bad ass des héroïnes du cinéma rehausse le niveau malgré des premières scènes d’action fun et effets spéciaux de grande qualité si l’on fait main basse sur les acrobaties numériques grand guignolesque du Rev9, mi-Terminator, mi-T1000, sorte de presque TX capable de se dédoubler et sortir tout un tas d’éléments pointus de son corps à l’apparence de jeune Mexicain figure du gendre idéal (Gabriel Luna, notre nouveau Ghostrider). Gabriel Luna qui, surprise, possède un thème musical sympathique et mérite sa place aux cotés de Robert Patrick et Kristanna Loken.


Dark Fate la joue expéditif dès le départ, ne s'éternisera pas à développer le personnage de Dani et sa vie. Il le fera au compte gouttes, plus tard, une fois passé les limites de l’interprète, éprouvant à son égard ce sentiment amer déjà ressenti pour une certaine Kate Brewster (Terminator 3). Quoiqu'il en soit, tout sonne déjà vu pour la sixième fois mais en moins bien à cause de l’absence remarquée du T-101 et parce que la scène d’intro, on n’arrive toujours pas à digérer. Les effets spéciaux, l’esthétisme et la mentalité des nouveaux personnages modernisés dérouteront. Est-ce une bonne chose ? Pas du tout, ce Dark Fate tombe dans le même piège que tant d’autres en la jouant mauvais copieur où même la musique n’arrive pas à obtenir nos faveurs. Ce sixième Terminator fait plus blockbuster lambda et impersonnel que suite respectueuse de ses prédécesseurs. Ce Terminator ne sent ni la touche Cameron, ni la touche Miller.


Le T-101 comme vous ne l’avez jamais vu


Un méchant de nature destructrice devenant un héros sans le vouloir, on ne voit pas ça souvent au cinéma. En deux films, le Terminator a eu une évolution considérable, passant d’un pur cauchemar ambulant en l’apparence d’un cyborg tueur dénué d’émotions, à un robot attachant gagnant en humanité, apprenant les valeurs de la vie humaine et incarnant un symbole, celui d’un « père protecteur » capable de mourir pour protéger son enfant, celui du mari idéal qui ne rentrera jamais saoule de son travail pour cogner sa femme. Terminator : Dark Fate place ce personnage dans la continuité de Terminator 2 et on aurait aimé qu’il lui donne un rôle plus riche. Ce modèle de cyborg dont on apprenait la longévité « 120ans » et l’existence d’un ordinateur à apprendre, évolue de nouveau. Etant fabriqué à la chaine, cette série de robots sort un nouveau modèle gardant le même type de neuro-processeur que son homologue. Seulement, il y a eu un léger changement sur la mission du nouveau T-101. Que ce passe-t-il quand un Terminator réussi sa mission et qu’il survit ?


Fans de Terminator, soyez prêt à voir un T-101 inédit. Le voyage dans le temps n’est pas un aller-retour. Ou le Terminator échoue à sa mission et meurt, ou il l’a réussi et meurt aussi. Que ce passerait-il si il réussissait sa mission et survivait ? Dans Dark Fate, notre nouveau Terminator livré à lui-même doit bien occuper les 120 années lui restant à vivre. Ici, en réussissant sa mission il a commencé à éprouver des sensations qu’il ne connaissait pas au point de revoir son existence. A force de passer du tout parmi nous, d’en apprendre plus sur nous et notre mode de fonctionnement, il a finit par adopter notre mode de vie. L’organisme cybernétique prénommé « Carl » est devenu presque comme nous. La souffrance, l’amour, la colère, la joie, font désormais parti de son quotidien. Un Terminator empathique découvrant le poids de la culpabilité de ses actes ? La nouvelle vie du robot se voudra plus plausible que l’épisode Genisys. En parlant de lui l’idée du robot vieillissant car recouvert d’une peau humaine, est reprise.


Alléchant n’est ce pas ? Figurez-vous que vous n’aurez même pas le temps de pleinement profiter de la nouvelle vision du robot aimé de tous. Le compteur tourne, il ne reste qu’une dernière heure pour boucler le tout. Et là, le drame. Jamais ô grand jamais je ne pensais que ce jour arriverait. Pour vous dire, je n’arrive pas à croire que tout ça est vrai. Faisons nous une raison, la palme de la mauvaise farce est attribuée au traitement infligé au T-101 qui malgré une présence à l’écran toujours imposante, perd de sa superbe pour l’écriture qu’on lui a attribué. Enfant vous avez sans doute vécut ça : on vous offre un jouet, vous vous amusez super bien avec quand tout à coup, maladroitement, vous le cassez. Le Terminator dans Dark Fate rappelle cette sensation de frustration horrible. Gros jeu de torture vicieux où plusieurs fois on vous laissera profiter un temps des punchlines et moments de castagnes orchestrées par Schwarzy pour mieux vous le retirer en plein moment d’extase.


Ce VRAI troisième opus est une insulte aux épisodes précédents ainsi qu’aux fans de Schwarzy pensant retrouver espoir en entendant quelques mois plus tôt de la bouche de James Cameron en personne que notre nouveau T101 serait encore plus Bad Ass que ses précédentes versions, collant surtout au personnage qu’il était dans Terminator 2. Oui et non en vue de la frustration qu’incarne la nouvelle prestation de Schwarzy. Sur cet autre point, mes craintes se sont avérées juste.


Un look bad ass, de belles répliques, quelques séquences hyper fun dignes de ce qu’il nous a offert dans T1, T2 et T3, une psychologie à faire pleurer dans les chaumières ne suffiront pas à effacer le gout amer dans notre bouche.


Une heure interminable à attendre son arrivée pour survoler sa personnalité.


Une honte. Arnold présent uniquement pour appâter les fans ? Comment un acteur si attaché au personnage qui l’a rendu célèbre a pu laisser passer ça ? Et Tim Miller osant dire en interview être fan de Terminator. De quoi réévaluer Terminator 3 et Terminator Genisys. En quatre films où on ne comptait que sur sa présence pour donner envie d’aller voir un Terminator au cinéma, Schwarzenegger écope du rôle du faire-valoir ajouté en bout de parcours dont on ne prendra pas soin de développer son origin story fascinante et émouvante, annonçant quelque chose de fort. Un T101 devenu trop encombrant ? Pas de blagounettes sur son âge même si Tim Miller n’a pas pu s’empêcher de tourner un peu à la dérision le personnage.



Sans raison d’être, on n’est rien.



Pouvoir aux femmes !


S'il y a bien un truc que Terminator nous a apprit, c'est qu'à force d'asticoter une femme, elle finit la plupart du temps par s’endurcir, devenir une combattante rebelle, capable de se défendre, d'attaquer, avoir des biscottos, manier des armes comme un vrai mec et ne pas en avoir besoin pour venir la sauver. Sarah Connor, ancienne serveuse fragile en est la preuve vivante. Déception plus légère que pour le T101 mais déception tout de même, cette pauvre Sarah est devenue un personnage dispensable présent uniquement pour un passage de relais et parce qu’elle manquait cruellement à la franchise. On n’oublie pas que Terminator raconte son histoire. Ce Dark Fate se devait donc de la continuer. Il ne l’a pas véritablement terminée. Sentiment d’inaccomplissement. Elle restera cependant la seule à posséder une origin story solide.


Si Natalia Reyes (Dani Ramos) avait été un peu plus charismatique que Linda Hamilton et Mackenzie Davis, véritable révélation du film sur lequel tout repose, placer cette nouvelle trilogie sous le signe de la girl power aurait marché. Ce n’est pas le cas, Dani Ramos est insipide et même quand elle tente de gagner en courage et détermination, ça sonne faux. A son égard, on n’éprouve ni compassion, ni attachement. Les femmes sont donc à l’honneur, et vu que depuis l’existence de Terminator premier du nom, on suit les mésaventures d’une femme, Dark Fate tombe bien, on en aura deux supplémentaires. Pas de place pour les hommes ! A cause du choix de Natalia Reyes, la tentative intéressante sur le papier de basculer Terminator en plein Girl Power sent l’exagération à plein nez déjà que l’idée de base risquait de ne pas plaire à tous.


La nouvelle génération n’éprouve aucun respect pour l’ancienne. Ca, ça marche aussi au cinéma. Preuve en est : Alien Covenant, Jurassic World et la nouvelle trilogie de Star Wars cachant sous ses nombreux points positifs, des trucs pas jolis jolis comme celui de se servir de ses protagonistes originaux, les humilier, les malmener jusqu’à en zigouiller certains. Et faut voir la mort qu’on leur propose ! Dark Fate, rappelle « Le réveil de la force » et « Les derniers Jedi ». Voila pourquoi on comparait Dark Fate à la nouvelle trilogie Star Wars. Tim Miller n'a visiblement pas saisit les raisons pour lesquelles la franchise qu'on lui a confié est si chère au cœur de bons nombres de cinéphiles, James Cameron n’a pas tenu promesse et c’est « Ridleyscottisé », Dark Fate ne mérite pas d’exister. C'était l'avis d'un fan hardcore de Terminator et qui a toujours tenté de défendre ses diverses suites.

Jay77
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le 23 oct. 2019

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Jay77

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