Entrons tout de suite dans le vif du sujet (ce sera fait !), ‘’Terminator Salvation’’ est un film qui ne fonctionne pas. Plein de volonté et plein d’idée, parfois jouissif et entrainant, il tente toujours de rester respectueux de l’univers mis en place voici près de trente ans par James Cameron. Il inclut même le 3 dans la mythologie, puisque le personnage de Kate Brewster est présent. Il avait même été proposé à Claire Danes de reprendre le rôle.


Le métrage de McG est donc une suite directe, jouée sur un mode beaucoup plus action que les précédents films. Faisant de l’histoire du futur dont il est question depuis le premier film, une réalité. Plus dans l’ère du temps, avec une photographie gritty, héritée de ‘’Saving Private Ryan’’, qui en 1998 donnait les codes du film de guerre, encore en usages aujourd’hui, ‘’Salvation’’ se veut une œuvre de guerre futuriste.


Exit donc les questionnements théoriques sur l’avènement des machines, cette fois le spectateur est plongé en plein milieu d’un futur apocalyptique, où les humains luttent pour leur survie. Ce qui signifie une fois de plus que les évènements du 2 n’ont servi à rien. La guerre entre les Hommes et les Machines semble inévitable.


Avec son univers sombre, pessimiste, et étouffant, où l’espoir se fait rare, bien qu’il ne soit jamais très éloigné, l’absence d’humour et une photographie crasseuse, présentant un futur post apocalyptique tel que décrit dans les précédents opus, cette suite parvient à prendre une orientation originale. Se forgeant une identité propre, en s’appropriant la mythologie sans renier ce qui a été fait avant.
Même si c’est parfois un peu raté, les nombreux clins d’œil cherchent un lien avec la trilogie préexistante. Telles la photo ou les notes vocales de Sarah Connor, qui font un pont avec la fin de ‘’The Terminator’’. Ou encore le caméo (un peu moisi) d’un Schwarzenegger vintage en image de synthèse, lors d’une baston entre John Connor et un T-800 flambant neuf, fraichement sortit de l’usine.


Et bien entendu la présence de Kyle Reese, encore adolescent, qui permet la création d’un arc narratif pas inintéressant, puisque John Connor est au courant que Reese est son père. Il est donc tiraillé entre le retrouver, le protéger, et l’envoyer à sa perte dans le passé pour protéger sa mère. Sans quoi il ne pourra pas exister. Autant dire que John Connor vit une crise existentielle carabinée, entre mener la Résistance contre les machines, et en même temps s’assurer de sa naissance.
Et c’est là où le film bégaye. Dans ‘’The Terminator’’ le fait que Kyle Reese soit en fait le père de John Connor, ça fonctionne parce que le voyage dans le temps est hyper secondaire, et permet un retournement de situation inattendu. ‘’Putain c’est le père de John Connor en fait !’’. Mais comme le film se déroule dans notre contemporanéité, il est facile de mettre de côté notre incrédulité, afin d’accepter ce twist très Science-Fiction.


Mais baser toute l’intrigue d’un film sur ce fait, c’est un peu plomber la magie. Puisque là le spectateur a à faire à un John Connor limite nervous breakdown. De plus, le personnage est traité comme une figure christique, il est même appelé ‘’prophète’’ par certain. Et comme pour ‘’Terminator 3’’, le métrage de McG baigne dans une ambiance chrétienne un peu nauséabonde, où les personnages ne sont pas maîtres de leurs destins. Kyle Reese est appelé à devenir le père de John, lui est appelé à devenir le grand chef de la Résistance et Marcus Wright n’est présent dans le film que pour donner sa vie pour celle du prophète Connors. La fatalité est le moteur du récit, ce qui vient gâcher une sorte de surprise, et livre une fin attendue, où un John Connor sans texture est sauvé in-extremis d’une mort certaine, pour pouvoir accomplir son destin.


Un personnage peu aidé, il est vrai, par le jeu nul de Christian Bale, qui ne donne pas l’impression d’avoir envie d’être là. Pour l’anecdote il ne voulait pas jouer dans le film, estimant que McG n’était pas un réalisateur au niveau de l’ambition du métrage. Ce qui est vrai, McG est un réalisateur moyen, et ‘’Terminator Salvation’’ est une production d’envergure, puisqu’en 2009 c’était le film indépendant le plus cher jamais réalisé (200 millions de $).


Il avait été proposé à Christian Bale le rôle de Marcus, le personnage central du récit, mais il fût plus intéressé par John Connor. La dramaturgie derrière le personnage étant formidable, puisque le type est censé envoyer son propre père dans le passé, sachant qu’il va se faire tuer. Mais s’il ne le fait pas, il ne peut pas exister… Mind Blowing.


Toujours est-il que John Connor était au départ un tout petit rôle à la fin. Mais vu que Bale était plus intéressé par ce personnage, les scénaristes l’ont étoffé. Mais ça ne fonctionne pas. De plus Bale joue particulièrement mal, et se fait voler la vedette par le débutant (à Hollywood) Sam Worthington, pourtant loin d’être un acteur béton.


Ce qui amène à l’intrigue principale du récit, avec l’apport d’un nouveau personnage, interprété par un Sam Worthington pré-Avatar, qui parvient à créer de l’émotion avec un rôle pourtant casse-gueule. Faisant la nique à un Christian Bale bloqué dans sa partition du Dark Knight (avec la voix qui va avec). Il est le gros point faible du métrage.


Le personnage de Marcus Wright (attention je spoil, mais la Bande-annonce le spoilait déjà, donc est-ce du spoil ?) apporte une réflexion plutôt intéressante sur l’humain augmenté. C’est un Terminator qui l’ignore, un modèle spécial créé pour infiltrer les humains. Son cerveau et son cœur sont préservés, mais pour le reste c’est une machine. Malheureusement cette thématique est peu explorée, bien qu’elle offrait un angle nouveau à ajouter aux réflexions de la saga. Finalement elle passe à un niveau très secondaire. La faute à un film qui veut absolument faire de John Connor le personnage principal. Bien que l’arc Kyle Reese/Marcus Wright soit le plus passionnant.


Il est possible de voir que l’écriture du métrage est un peu faiblarde. Le scénario est d’ailleurs signé par John Brancato et Michael Ferris, les deux hommes derrière le scénar’ de… ‘’Terminator 3’’. Deux branques également à l’origine du ‘’Catwoman’’ de Pitof, qui sévissent en tandem depuis les années 1980, dont le seul fait d’arme notable est ‘’The Game’’ en 1997, mis en scène par David Fincher. Mais bon, là y’avait un réalisateur de talent derrière la caméra.


Bien que le film soit majoritairement raté sur de nombreux aspects, il est difficile d’en dire du mal avec véhémence (ça faudra attendre le 5…), parce que derrière ce plantage il semble y avoir une volonté honnête d’apporter un peu de fraîcheur à une saga qui n’en demandait pas tant. Il semble réalisé pour de bonnes raisons, par des personnes soucieuses d’innover une franchise qui n’en demandait pas tant.


Tout ce qui fait un film ‘’Terminator’’ est présent, comme la poursuite en camion, des explosions spectaculaires, une extension des scènes du futur présentes dans le 1 et le 2, avec des Terminator lâchés dans la nature, à la recherche d’humains à trucider. Il y a de nouveaux robots, de nouvelles machines, une humanité réduite à du bétail et des thématiques qui se placent dans la continuité dans la saga.


Mais alors, pourquoi ça ne marche pas ? Et bien la faute à une réalisation un peu plate, qui ne trouve jamais le souffle épique nécessaire, malgré une production design des plus réussi. À quoi s’ajoute le manque d’implication de l’acteur principal, censé porter le métrage, il plombe chaque scène où il apparaît. Et puis tout simplement, la franchise n’a plus rien à offrir, et souffre encore de la comparaison avec ‘’Judgment Day’’, à voir comme l’œuvre ultime de l’univers Terminator.


Tout ce qui était développé dans le premier film y trouvait une conclusion, ‘’Terminator 2’’ c’est une œuvre complète, à la fin de laquelle les machines sont détruites, SkyNet est hors d’état de nuire, n’ayant plus la technologie nécessaire, puisque toutes les recherches de la firme ont étés détruites. C’est terminé. Et le sacrifice ultime du T-800 offre un final, très western, avec le héros qui une fois sa mission terminé disparaît (dans le soleil couchant, ou dans une cuve de métal en fusion, c’est pareil).
C’est tout simplement ça le problème : ‘’Terminator 2’’. Il n’y a plus rien à raconter de nouveau, ni d’intéressant. Le tour de la question a été faite en 1991. Les suites ne sont plus là que pour chercher à capitaliser sur un succès, dans l’espoir de se faire un peu de maille, rien de plus.


‘’Terminator Salvation’’ ne fût pourtant pas véritablement un échec, puisqu’au niveau mondial il a rapporté pas moins de 371 millions de $. C’est juste aux U.S.A qu’il s’est planté (125 millions de $, ouch). Mais le ratage est avant tout artistique, car malgré une volonté qui semble authentique, l’idée de présenter un futur apocalyptique alternatif, appelé à changer par l’envoie de Kyle Reese dans le passé, veut dire que tout ce que l’on voit à l’écran n’existe que dans une réalité altérée. Comme toutes productions traitant de voyage dans le temps, ça devient compliqué à suivre.


D’une dizaine de minutes au cumulé dans ‘’The Terminator’’ et ‘’Terminator 2’’, sortir un film de 2h, se déroulant dans un univers qui ne peut plus exister, puisqu’il a été modifié en 1995 (avec les évènements du 2), et bien forcément ça coince. Le spectateur n’est pas dupe, et l’afficionados de Terminator (Qui en 2009 est toujours en colère contre le 3) peut difficilement accepter ce tout nouvel univers.


Présenté comme un reboot/sequelle, ‘’Terminator Salvation’’ devait amorcer une nouvelle trilogie basée dans le futur. Axée sur Kyle Reese, elle devait s’achever par l’envoie de ce dernier en 1984 par John Connor. L’échec Nord-Américain du film a tué le projet dans l’œuf. Mais il est possible d’élucubrer sur ce qu’aurait pu donner cette nouvelle trilogie, censée relancer la franchise.


Au final, demeure une œuvre qui reste quand même relativement agréable à regarder. C’est rythmé, y’a de l’action, de la baston, des Terminator en veux-tu en voilà, des scènes de guerres bien emballé, comme la scène de l’hélicoptère au début qui est tout de même spectaculaire. Mais une fois de plus, comme film ‘’Terminator’’ c’est faiblard, et surtout inutile. Mais comme le dit John Connors : "Il n'y a pas de destin autre que ce que nous faisons.". Amen to that.


-Stork._

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le 10 févr. 2020

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