Tesnota, une vie à l’étroit de Kantemir Balagov est un film Russe. Après avoir recherché, Tesnota en Polonais signifie mal de pays, j’étais confuse car je pensais que c’était le nom de la protagoniste, mais en réalité son nom est Ilana (Ila), elle travaille dans le garage de son père pour l’aider à joindre les deux bouts. Un soir la famille et les amis sont réunis pour célébrer les fiançailles de son jeune frère David, qui plus tard dans la nuit se fera kidnapper avec sa fiancée. Sa famille à la pensée juive, refuse d’appeler la police et préfère régler ça par eux-mêmes, donc trouver l’argent pour la rançon. Ila est une jeune femme assez différente des autres femmes que l’on voit dans le film, elle est assez garçon manqué et va à l’encontre des idéaux de sa famille. Elle sort avec un garçon qui selon les réactions de la famille est une « mauvaise fréquentation ». Malgré le fait qu’elle soit différente sa famille veut qu’elle se restreigne à leurs exigences. Le réalisateur joue avec le sur-cadrage de la protagoniste ce qui donne encore plus de sens au titre, une vie à l’étroit, de plus le jeu de l’actrice est impressionnant avec peu de paroles mais énormément d’expressions du visage. Elle est étouffée par son entourage et par les plans que le réalisateur fait d’elle. Elle a beau avoir de la force et des désirs de rébellion nous avons l’impression que le mariage forcé que ses parents veulent organiser lui est inévitable. Elle est comme emprisonnée par les moeurs et la culture de son pays ou des croyances de ses parents. Ce n’est qu’à la fin après avoir quitté leur ville avec ses deux parents qu’elle semble libérée et plus sereine, même si elle a encore des déceptions envers ses parents elle semble plus calme. C’est là que Testona, Mal de pays prend tout son sens, nous avons l’impression de la voir presque heureuse qu’à la fin, quand elle a quitté l’endroit où elle vivait et où comme je l’ai dit était enfermée. Dans ce portrait assez pessimiste de cette famille et de la vie de Ila il y a tout de même à la fin du film beaucoup d’optimisme quant à l’avenir de la jeune femme qui a réussi à montrer à ses parents qu’elle n’allait pas se plier à leurs demandes et se libérer de la vie à l’étroit qu’ils lui imposent.


Le film m’a plu dans son ensemble, j’ai trouvé le visuel très intéressant et beau, notamment le tout premier plan du film où elle est dans le garage de son père et totalement surcadrée par la voiture qu’elle entretient, il y a avait une sorte de lumière bleue qui rendait le plan encore plus beau. Le personnage de Ila m’a également plu, sa rébellion mais aussi sa peur de rendre ses parents malheureux rend son comportement intéressant, car au delà son coté provocateur qu’elle a envers eux, elle leur offre pendant les moments plus calmes beaucoup de douceur à travers ses regards. L’actrice était remarquable et faisait passer beaucoup d’émotions à travers ses expressions de visage, un peu comme dans Charulata de Satyajit Ray où l’actrice avec son regard expressif laisse le spectateur en comprendre le fonds de la pensée. Enfin j’ai été énormément marqué par un plan en particulier, qui m’a montré à quel point le travail du son peut-être important dans une intrigue. Le plan en question se trouve vers la fin du métrage, les parents de la protagoniste ont organisé une réunion avec la famille et son futur époux « forcé », après un des plus grands moments de rébellion du personnage (elle a posé une culotte tachée de sang sur la table) la famille du futur mari est partie en lui laissant le choix de laisser ou non l’enveloppe avec la dot. C’est un gros plan sur la main du jeune homme qui semble hésiter à l’a laisser où non, le son amplifie le bruit de l’enveloppe et des billets qu’il y a l’intérieur, le plan doit durer une bonne dizaine de secondes on y voit qu’une main qui tient une enveloppe mais on ressent par ses gestes l’hésitation de donner l’argent (pour libérer le frère). En revanche je l’ai trouvé un peu long (2h), le réalisateur a peut-être voulu trop montrer mais peut-être que si le scénario avait perdu un tout petit peu en longueur il aurait pu être encore plus intense dans les émotions partagées.

MadelineMasse
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le 6 mars 2018

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Madeline Masse

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