s la forme et le fond, mais malgré la terre d'accueil qu'est notre pays pour la plupart des cinémas, quelques uns restent encore invisibles...hormis dans quelques festivals).
Revenons plutôt à ce qui fait vibrer nos critiques, le premier film du Kabarde Kantemir Balagov ( pour info, la Kabardie-Balkarie est une des sept républiques autonomes du Caucase de la fédération de Russie...on peut s'y perdre mais cela fait du réalisateur un russe). Couronné en janvier dernier du prix du meilleur film au festival Premiers Plans d'Angers, "Tesnota" a littéralement emballé Catherine Deneuve qui l'a applaudi à tout rompre à l'issue de sa présentation ( elle tapait encore des mains alors que la moitié de la salle était déjà sortie). Force est de reconnaître que notre icône du cinéma français a bon goût, car le film est réellement réussi et développe tout un tas de thèmes propres à enthousiasmer le pays des droits de l'homme .... ( plus faciles à admirer sur un écran qu'à décrypter et à combattre quand certains chez nous commencent à les faire vaciller).
On trouve une héroïne formidable, bien loin des stéréotypes habituels. Ilana a 24 ans, vit au sein d'une famille juive dont la communauté ultra minoritaire dans ces contrées reculées, subit un vrai ostracisme. Elle travaille comme mécanicienne dans le garage de son père ( Débusquez un rôle de jeune mécanicienne dans le cinéma français et je vous offre un verre !). Les kabardes, point futés comme tous les racistes, font un raccourci : juif= argent. Alors hop ! On enlève le frère d'Ilana et sa fiancée aussi et l'on demande une rançon. Manque de pot, la famille n'a pas un sou et doit faire appel aux membres de sa communauté pour trouver de l'aide...qui les obligera à la ruine... mais aussi, contre argent, à promettre Ilana à un jeune homme ( bien timide).
Drame sociétal, personnel et familial, "Tesnota" va s'ingénier à décrire avec force cet enfermement communautaire et traditionnel qui emprisonne les êtres. Le titre le dit haut et fort, c'est à une vie à l'étroit à laquelle nous sommes conviés. Tout à l'écran respire l'étroitesse : le format carré du film, le décor étouffant, la caméra qui ne montre jamais un ciel, un horizon et cette héroïne qui se bat comme une mouche dans un bocal sans vraiment savoir s'il existe un tout petit trou pour se faufiler vers une sortie incertaine. Pas drôle, mais quel talent dans la manière de filmer et dans son regard impitoyable sur l'intolérable ascendance des communautés religieuses et traditionnelles sur les esprits et les corps! Et quel beau portrait de femme forte et battante qui essaie de prendre sa vie en main dans un monde qui ne rêve qu'à l'enfermer dans un schéma obsolète !
Alors oui, la critique a raison de pointer du doigt ce premier film russe et de déjà dire que Kantemir Balagov entre dans la cour de ces réalisateurs que l'on devra désormais suivre.


http://sansconnivence.blogspot.fr/2018/03/tesnota-une-vie-letroit-de-kantemir.html

pilyen
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le 8 mars 2018

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