Pour commencer, partons d’un postulat très simple : la trilogie précédente de Sam Raimi (dont le dernier volet Spider-Man 3 date seulement de 2007) n’existe pas. Ne nous attardons donc pas à comparer telle ou telle version, à renchérir pour savoir qui de Tobey Maguire ou d’Andrew Garfield a la plus grosse, ou encore à donner notre avis sur la putain de carrière de Sam Raimi d’avant Spider-Man (juste créateur d’Evil dead) ou de l’énorme vide sidéral cinématographique de Marc Webb (même pas créateur de l’eau tiède).
Non, ce que nous allons faire, c’est parler, en toute objectivité, de ce The Amazing Spider-Man, soit le premier volet de ce qui semble devenir une tétralogie, donnant naissance en plus à des spin-off en tout genre.
Déjà, la première chose qui plaît, c’est ce choix d’acteur : Andrew Garfield. Le mec qui donnait une prestation énorme dans l’excellent The Social Network a ici une saga qu’il doit porter sur ses épaules, pas très larges mais pas si frêles que ça. On sent qu’il donne tout, et c’est peut-être la meilleure idée de ce film. Aussi crédible en ado perché qu’en redresseur de tort, Garfield s’amuse et nous amuse tout du long, même si les gags ou encore l’histoire ne lui rendent pas vraiment la pareille.
Avec sa partenaire Emma Stone (le génial Bienvenue à Zombieland), ils forment un beau petit couple bien assorti, aussi nunuche et séduisant que peuvent l’être deux ados amoureux qui se tournent autour. De ce côté là finalement (l’adolescence dans toute sa splendeur), c’est une réussite totale : Peter Parker se lie d’amitié puis d’amour avec Gwen Stacy, tente des choses pour impressionner sa dulcinée, se rebelle contre ses parents adoptifs (les attachants Martin Sheen et Sally Field), ou joue même au "ptit con" quand ça lui pète.
Un des plans les plus crédibles du film reste la première apparition de Spider-Man : posté en haut d’un immeuble, à écouter et regarder la ville, le super-héros n’en reste pas moins un gamin, et trimbale son sac à dos comme n’importe quel jeune. De même quand il tend un piège au méchant (Rhys Ifans, vu dans Good Morning England), Parker patiente non pas en stressant ou en ruminant sur un douloureux flash-back de sa vie (les moments lourds où les films se mettent à expliquer un drame terrible à la Steven Segal), mais simplement en jouant… sur son téléphone portable ! Ce ne sont que des détails, mais qui renforcent l’aspect réellement boutonneux du héros.
Bien sûr, ça n’enlève pas quelques scènes au combien horrible et ridicule, au contraire. L’une des pires restera peut-être le premier baiser de nos deux tourtereaux à baffer caresser, au moment même où il hésite à lui avouer sa vraie nature (d’être Spider-Man, pas puceau !)
Seulement, c’est très bien d’avoir une telle précision dans le travail du personnage de Peter Parker, mais il ne faut pas oublier le titre du film : The Amazing Spider-Man. Parce que là, ça pèche un peu. Voir même beaucoup. En fait ça rame totalement ! Les scènes d’action, plus insipides les unes que les autres, dans un déluge de numérique plus ou moins bien fait, nous donne une impression de gâchis total.
Que ce soit par des enjeux sans consistance, un Lézard pas vraiment charismatique et au look très discutable, ou une réalisation vite expédiée, sans aucune saveur, on est loin, très loin d’un film de super-héros impressionnant. On nous donne même des idées alléchantes (toute une escouade de GI contaminé par un gaz qui les transforment en lézard) pour ne pas les exploiter du tout dans la scène. D’une pauvreté exemplaire. Sincèrement, un metteur en scène plus confirmé et surtout plus à l’aise dans l’action (ou même Tinky Winky des Télétubbies), nous aurait pondu quelque chose d’épique qui manque cruellement à cette version.
POUR LES FLEMMARDS : The Amazing Peter Parker aurait été un titre plus approprié. Le spectaculaire du film est insignifiant : ce n’est ni impressionnant, ni prenant.