Une suite plus convaincante mais qui nage entre deux eaux (de courant)...

Voici le dernier Spider-Man cinématographique à ce jour. Et ma critique arrive à point nommé lorsque l'avenir de cette franchise est au centre des débats actuels au sujet des adaptations cinématographiques.
Pour commencer, contextualisons un peu la genèse de ce cinquième volet. Passé à un nouvel univers, le monde cinématographique de l'homme-araignée connaît une rupture dans la fidélité de son public. De nouveaux fans font leur apparition, tandis que d'autres plus nostalgiques de la franchise de Raimi délaissent de plus en plus l'initiative d'accepter une nouvelle vision de l'univers. Le premier film de ce nouvel univers, nommé "Amazing", divise fortement le public. Qu'importe ! Le film a eu son petit succès et la venue de nouveaux scénaristes, en la personne d'Alex Kurtzmann et Roberto Orci (Star Trek, Transfrmers) pourrait changer la donne. Si le premier film marque un développement précipité dû au départ de Sam Raimi avant tout, ce deuxième opus bénéficie d'un temps de travail plus espacé. Malgré les deux années qui séparent les deux longs-métrages, la même équipe a eu beaucoup plus de temps pour réfléchir sur l'univers de cette saga et les opportunités offertes par l'évolution du cinéma numérique et divertissant depuis la nouvelle donne "Avengers" (2012). Jusqu'à quel point ?
Des mois plus tard, Peter Parker (Andrew Garfield) continue d'assumer sa double-vie entre l'âge difficile d'adolescent en maturité et la prise de conscience de plusieurs responsabilités. Celle qui le tourmente le plus est de pouvoir vivre librement avec sa petite amie Gwen Stacy (Emma Stone), sans arrêter de penser aux dangers qui peuvent lui arriver. Coïncidence malheureuse : le retour de son ami Harry (Dane DeHann) sonne en lui comme une nouvelle enquête de l'industrie ombrageuse d'Oscorp, dont une nouvelle menace se crée malgré elle à l'intérieur de ce bâtiment infernal.
Tout d'abord, le film trouve une amélioration remarquable en terme de visuel et d'énergie. Passé le premier acte laborieux contant les origines de ce super-héros du quotidien, il est évident de constater que la suite gagne bien plus en aisance et devient de plus en plus concernée par ce qu'elle montre. A ce stade, le nouvel ennemi Electro (Jamie Foxx) offre des expériences visuelles tout à fait plaisantes : ses interventions électriques marquent l’œil par leur personnification graphique. Bien qu'utilisé à outrance, le pouvoir de ce vilain est exploité suffisamment de manière convaincante pour insuffler un peu de folie visuelle dans ce volet de la saga. Extrêmement colorées et numériques (possible risque de vieillir très vite aux yeux des spectateurs), les scènes d'action possèdent néanmoins un cachet et une vivacité d'ampleur, ce qui manquait cruellement dans les scènes de bravoure et dans l'ensemble du premier volet. Autre point garant : la musique de Hans Zimmer qui participe à l'énergie vitale du film. Si elle ne fait pas aussi dans la dentelle (répétition de plusieurs thèmes jusqu'à outrance et présence d'un gag trop fortement marqué pour fonctionner, selon moi), la composition musicale est suffisamment entraînante pour bien marquer les moments forts du long-métrage et dynamise de belle manière l'aventure tant elle diversifie la progression de ses thèmes au fil du film. Tous ces éléments forts, surtout par rapport au premier essai de Marc Webb, aident à ajouter de façon astucieuse une ampleur à l'histoire qui parvient à proposer des idées intéressantes. Entre la quête de soi de Peter, l'amitié dangereuse avec Harry par rapport au passé et l'évolution personnelle d'Electro (sur le papier soit-dit-en-passant), le film regorge de rebondissements à potentiels forts convaincants. Hélas, l'oeuvre de Marc Webb est souvent marquée par une trop forte discordance dans son ensemble pour fonctionner pleinement en tant qu'unité. Si plusieurs idées sont excellentes (le projet Oscorp, la psychologie d'Electro en tant que martyr de la société, le poids lourd des responsabilités de notre ami arachnéen), le résultat sur écran pâtit d'un grand manque de focus et l'alchimie entre tous ces arcs est désagréablement peu magistrale. C'est malheureusement le tord d'avoir une trop grande ambition pour une seule oeuvre : à force de multiplier les idées, le long-métrage se retrouve empêtré dans une confusion affolante en terme de point de focalisation scénaristique et de tonalité générale. Si Marc Webb arrive à retranscrire la tension dramatique et profonde entre les Osborn et les Parker, le film s'autorise des passages légers, mais bien trop exacerbées. Le personnage d'Electro, sûrement le plus faible dans la galerie, n'arrive pas à exister, tant ses états d'âme sont traitées de manière trop furtives et superficielles. Extrêmement caricatural dans sa caractérisation du "plus grand asocial du monde", le personnage est tellement marqué entre un pathos forcé et une dédramatisation burlesque de fort mauvais goût que ses motivations s'avèrent bancales, et plus si intéressantes que prévu. A trop vouloir multiplier les registres et les tons, l'ensemble manque d'enjeu fort pour marquer l'esprit du public
La suite de "The Amazing Spider-Man" est cela dit de la belle ouvrage, aguicheuse dans ses moments de bravoure et pêchues dans son rythme. Cependant, il est fort dommage que sa structure se disperse trop à vouloir traiter autant d'enjeux en un seul film. La séquence de fin (avant la préface forcée pour les suites envisagées) est ce qui est à retenir de plus beau dans ce fatras de rebondissements et de tons trop inconsistant pour fonctionner en une unité.
A ce titre, je finirais par une seule question : quel avenir envisageait à Spider-Man ?
Max_Sand
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Le Cinéma en 2014

Créée

le 31 déc. 2014

Critique lue 275 fois

2 j'aime

Max Sand

Écrit par

Critique lue 275 fois

2

D'autres avis sur The Amazing Spider-Man - Le Destin d'un héros

The Amazing Spider-Man - Le Destin d'un héros
Strangelove
5

En fait un mec qui s'appelle Marc Webb, il est destiné à réaliser un film sur Spider-Man... Non ?...

Le nouveau Spider man, je l'attendais un peu. Parce que le précédent était une franche rigolade, et assez ringard comparé à la trilogie de Raimi (nous dirons d'ailleurs diptyque, le troisième film...

le 30 avr. 2014

68 j'aime

34

Du même critique

Hé Arnold !
Max_Sand
7

Série jeunesse très étrange mais originale...

"Hé Arnold !" est originellement une BD inventée par Craig Bartlett en 1986. Le grand public enfant, dont moi, a connu cet univers principalement par un dessin-animé financé par Nickelodeon et...

le 19 févr. 2014

18 j'aime

Le Grand Saut
Max_Sand
7

La roue tourne pour les frères Coen

La période de fin d'année, et en particulier les célébrations de Noël, ont été maintes fois représentées sur grand écran. Que ce soit les adaptations du fameux Chant de Noël (1843) écrit par Charles...

le 6 janv. 2020

15 j'aime

6

The Spectacular Spider-Man
Max_Sand
8

Une adaptation brillante et joueuse sur le modèle du classicisme et du modernisme

L'univers de Spider-Man en animation a toujours connu des fins ingrates à leur insu, puisque ces dessins-animés en masse se sont terminés trop tôt. En soi, un univers animé sur le célèbre...

le 8 mai 2014

13 j'aime

1