Il y a quelque chose d'anormalement captivant dans ce film de commande qu'à accepté de réaliser un George Romero sans le sou malgré le succès de "la nuit des morts vivants" (une sombre histoire de royalties en est la cause).
Croisement foutraque entre le film institutionnel typiquement américain (une institution dont Nicolas et Bruno s'amuseront avec force dans les "messages à caractère informatif") et le pur film d'horreur poisseux des années 70, "The Amusement Park" fascine dans sa capacité à créer une trame cohérente et complète malgré son budget ridicule et un aspect bordélique assumé où images et sons ne s'arrêtent jamais de pousser les niveaux trop hauts.


La structure est certes simple, certains dès la première scène auront compris ce que sera la fin, mais la richesse du voyage est sans équivoque: les attractions s'enchaînent à pleine vitesse, le son ne vous lâche jamais avec son traitement saturé constant, et la caméra se perd autant que le personnage qu'elle suit. Visuellement marqué par une pellicule désaturé qui sublime les valeurs de blancs et le rouge au détriment du reste (impossible de savoir s'il s'agit d'un choix dès le tournage où d'une conséquence de l'état de la bobine retrouvé par la veuve de Romero), The Amusement Park construit la descente aux enfers de ses personnages tantôt par des idées très précises et extrêmement construites, tantôt par un aspect anarchique fauché, quand les 2 ne se mélange pas ensemble pour symboliser la détresse de notre personnage principal, caché dans le bokeh par une cuisse de poulet au premier plan.


C'est basique à dire, mais il y a un charme fou qui se dégage du film. Voir tout les efforts de Romero pour rendre quelque chose de solide et efficace, savoir que les figurants âgés ont été sortis des maisons de retraite et des quartiers difficiles pour vivre un tournage qui a été un des plus beaux de leur vieillesse joue inévitablement dans notre rapport au film. "The Amusement Park" n'est pas un miracle de cinéma retrouvé, mais plutôt une singularité qui retient notre attention sur une courte durée, réussissant à nous marquer sur son sujet grâce à toute la plastique et le contexte qui entoure le film.


La George Romero Foundation nous offre à titre postum un beau cadeau bien conçu, dont la consistance et le visuel de l'emballage est ce qui gardera le film longtemps dans la mémoire de certains.

Kiberen
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le 25 août 2021

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Kiberen

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