http://www.flaneriescinematographiques.com/article-the-artist-86546782.html
The artist n'est pas un objet si unique qu'on veut bien le dire. S'ils ne sont pas légion, d'autres films muets ont en effet été tournés bien après l'avènement du parlant. On peut citer, parmi les plus récents, Dracula, pages tirées du journal d'une vierge (2002), du Canadien Guy Maddin. Cependant, le plus souvent il s'agit de démarches expérimentales.
Comme toujours chez Michel Hazanavicius, on se situe ici au niveau du pastiche. Un genre dont les qualités artistiques peuvent être réelles (Proust imita à merveille Balzac, Flaubert ou encore Sainte-Beuve dans Pastiches et mélanges), mais qui a aussi ses limites. The artist nous le rappelle. Car si l'auteur d'OSS 117 rend une copie plaisante, le résultat est somme toute assez impersonnel, ce qui fait qu'on peine à se sentir concerné par la déchéance de cette gloire du muet et par son histoire d'amour avec une étoile montante.
The artist pose également problème sur un plan plus formel. J'ai eu le sentiment d'un décalage entre ce à quoi mon œil d'amoureux du muet est habitué et ce que nous propose Hazanavicius. Je ne sais comment expliquer clairement cette impression. Car l'habillage est parfait... En fait, si le film est en noir et blanc et sans parole, il n'en appartient pas moins à notre époque. Sa grammaire, son montage sont contemporains, malgré ses multiples allusions aux grands maîtres du genre (voir la belle scène où Peppy Miller passe, avec une tendresse toute chaplinesque, son bras dans la manche de la redingote de George, ou cet effet de surimpression d'une bobine sur l'œil de ce dernier, qui lui donne un faux-air de Fritz Lang). En sorte que The artist apparaît aussi un peu artificiel...
Michel Hazanavicius nous apporte une nouvelle fois la preuve de ses talents d'imitation. J'attends maintenant qu'il nous démontre qu'il possède un style propre. Néanmoins, son pari audacieux et son amour du cinéma –que l'on devine sincère- méritent d'être salués, même s'il doit se méfier : à force de faire des films-hommages, il risque de faire un cinéma nécrologique... On retiendra également le jeu de Dujardin et de sa partenaire. Le visage du premier, d'une plasticité rare, lui permet de retrouver l'expressivité des acteurs du muet. Quant à Bérénice Bejo, elle n'a sans soute jamais été aussi juste