Cette Claire n'était pas très nette, moi j'vous l'dis !

Pas terrible ce film.


J'ai trouvé l'histoire assez fade. Bon, déjà, on a affaire à un film à twist, et comme souvent avec ce genre de film, le revirement est mal préparé et surtout, ça aurait pu être intéressant de l'exploiter en connaissance de cause dès le début du film, jouant alors sur l'ironie dramatique, plutôt que de nous balancer ça à la fin sans rien approfondir, laissant le spectateur sur le cul. Surtout que les auteurs de ce genre de projet ont souvent peur de trop en révéler (ils se disent que si le spectateur devine tout trop vite, le film n'aura plus d'intérêt) et du coup, au lieu de, justement, nourrir l'intrigue et les personnages, ils se contentent de construire des scènes qui font croire le contraire de ce qui est en réalité, avec de temps en temps une petite réplique à peine grossière (on insiste ici tellement sur les faussaires) afin de préparer inconsciemment à la fin que le film en devient rachitique.


Bon, pour tout vous dire, je ne saurai savoir si la fin est prévisible ou non, je pense que oui vu la manière dont on insiste sur les faussaires et la manière dont la comparaison entre art et amour est souvent amenée sur le tapis, mais difficile de savoir pour moi puisque SC m'avait spoilé la fin dès la sortie du film. Du coup, j'ai regardé en espérant voir autre chose, je veux dire quelque chose de plusq u'un film à twist... et bien non il n'y a vraiment pas grand chose à manger dans ce film.


Le personnage principal est intéressant, mais l'auteur ne l'approfondit pas suffisamment. Il y a par exemple cette scène où il perd pieds à son travail car sa dulcinée a disparu. Cela est censé marquer le fait qu'il est complètement accaparé par la demoiselle, que son boulot a désormais moins d'importance que l'amour qu'il lui porte. C'est fort. Sauf que c'est la seule scène attestant concrètement de cette transformation : d'abord ce n'est pas du tout subtil, ensuite c'est peu il aurait fallu d'autres scènes de ce genre et enfin cette scène est ultra courte, ce qui constitue à mon avis la plus grave des erreurs !


Faut dire que c'est assez mal structuré et que pendant la première heure on assiste à un jeu de chat et de souris ultra répétitif et pas assez crédible. Vu l'état d'esprit du héros, difficile d'être convaincu par l'hameçonnage (puceau ne veut pas dire idiot même si ça rime). Une fois qu'on décide d'y croire, alors oui, la manière dont l'héroïne invisible joue de lui est logique et intéressant (ça permet de créer la dépendance), n'empêche que ça reste trop long, trop redondant dans les faits. En fait, il manque vraiment d'autres éléments dans ce film, l'intrigue repose trop sur ce couple et les interventions extérieures n'amènent jamais les respirations espérées.


Autre drame, le tout est trop tiré par les cheveux. Comme je savais à quoi m'attendre concernant la fin, j'ai scruté les dialogues pour voir comment le héros allait se faire retourner comme une crêpe. C'est assez lamentable. Autant un personnage à qui on lui dit de faire des choses pour de faux prétextes, ça paraît plausible qu'il les fasse, autant toute la machination de ce film comporte bien trop de facteurs libres pour que ça marche (ou plutôt pour que les méchants puissent se dire que ça va marcher : le bricoleur sous-entend un truc, le héros décide d'agir de telle sorte mais jamais le conseil n'est explicitement donné, et le sous-entendu me paraît trop vague pour être assez bien préparé à l'avance).


L'exemple le plus flagrant, c'est cette histoire de séduction d'un vieil homme quand ce dernier ne semble nullement touché, en apparence, par la présence féminine. Il est présenté comme un homme seul, mais de là à dire qu'il espère trouver l'âme-sœur... Sa passion pour les portraits peut expliquer son envie de connaître cette femme invisible, mais sans pour autant justifier l'amour.


Les dialogues sont peu satisfaisants. Hormis les grosses perches pour l'inconscient, rien n'est vraiment préparé. On tiquera sur les incohérences comportementales (l'héroïne qui se défait de son agoraphobie d'un coup sur la fin), mais difficile d'attribuer cela à une décision scénaristique tant l'accroche entre les deux personnages est aussi similairement brève.


Il y a aussi le personnage de la naine. On insiste tellement sur elle qu'on sait qu'elle va servir à autre chose qu'amener de l'étrange au film. Mais la manière dont elle est exploitée est impertinente et surtout la révélation la concernant est tellement énorme que ça en devient risible. Il y aussi cette histoire de rouages trouvés petit à petit : le héros ne s'en inquiète jamais, pourtant il est évident que quelqu'un les place là pour lui (il fait lui-me^me remarquer que le premier a été retourné) ; il aurait quand même pu questionner Claire à ce sujet. Il reste le déménagement de son appartement: impossible d'y croire, surtout que dans cette même scène, on nous présente un laquais, ce qui veut dire qu'il y a un personnel dans cette maison qui aurait forcément dû remarquer le déplacement de tous ces objets... (c'est d'autant plus con qu'avant ce plan on n'avait jamais vu ce type et que le plan aurait pu être coupé... ou alors j'ai mal suivi et c'était hors de sa maison?)


La mise en scène est assez classieuse, ça fait plaisir. La lumière est bien travaillée, les compositions aussi : tout est sobre, mais tout est efficace, c'est le principal. Les scènes sont soit répétitives, soit trop courtes, mais les fois où le réalisateur décide d'en approfondir une, de les découper plus intensément, le résultat est assez prenant. La découverte de la salle aux tableaux, au début et à la fin, est vraiment bien foutue. Les acteurs aussi sont convaincants. La musique de Ennio n'est pas particulièrement marquante mais fonctionne bien sur le moment. Non, vraiment, l'emballage est plus que correct.


Bref, c'est donc à cause d'une intrigue incroyable, d'une structure trop appuyée (on sent que chaque élément, chaque personnage a son importance, on sent trop ces rouages pourtant défectueux) et d'un personnage principal sous-exploité que le film n'est pas réussi ; il reste regardable malgré un certain ennui grâce à quelques bonnes idées.

Fatpooper
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le 21 août 2016

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Fatpooper

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