A voir absolument en V. O.
"The Big Lebowski" suit les pérégrinations d'un vrai slacker de L. A., Jeff Lebowski, dit "Le Dude". Sa maison est vandalisée par erreur par des voyous qui veulent de l'argent que leur doit un autre Lebowski. Notre héros va voir son homonyme, vole son tapis. Il est rapidement rappelé : la jeune femme de l'autre Lebowski a été kidnappée. S'ensuit une enquête riche en rebondissement, en voitures fracassées à la barre à mine, en coups sur la tête pour ce cher Dude, en figures féminines agressives et en nazis ridicules.
Une voix off profonde, sur des images de la cote de Los Angeles battue par les vagues. Un générique incroyable avec des plans soyeux sur une salle de bowling. La ganache de Jeff Bridges. Dès le début, on sait qu'on est bien tombé. D'où vient la magie du film ?
- Jeff Bridges, bien sûr. Ses cheveux broussailleux à ses survêtements dégueus, de sa barbe tachée de "Russe blanc" (un cocktail qui ne fait pas envie...) à son air gêné quand il doit expliquer ('Well it's a very complicated situation, man"), de sa manière de s'affaller sur le premier sofa venu à sa dextérité (qui lui permet de se faire jeter dans une voiture sans renverser une goutte de cocktail), on ne peut nier qu'on a là un des rôles les plus marquants de ce très bon acteur (il suffit de revoir le méconnu 'Starman' pour s'en convaincre).
- Le glamour de Los Angeles, bien sûr, qui tourne ici à pleins tubes. Allées bordées de palmiers sur fond de montagnes, parcs verdoyants, beach community de Malibu, dinner restaurants aux cartes extravagantes, fourrière, et bien sûr bowling : les lieux ne manquent pas, et leur cinégénie saute aux yeux. Jusqu'au lettrage des titres, inspiré de vieux films.
- La galerie de personnages est impressionnante, de la jeune lolita au détective besogneux en Volkswagen, en passant par les nazis minables, l'artiste féministe, le producteur-réalisateur de porno, le flic que Dude qualifie de "fasciste", et bien sûr Jesus, Larry et Donnie. Mention spéciale au cowboy, qui clôt la fiction, non en tant que narrateur, mais plutôt comme un spectateur qui aurait regardé à côté de vous. Sa moustache, son air inspiré, sa manière de boire sa bière en se portant un peu en arrière, j'aime tout de cet homme, dommage qu'il n'existe pas en réalité. ^^
- Le scénario est improbable et tordu, parodiant "Le grand sommeil" de Howard Hawks, dont on retrouve la trame de film noir (le gars qui se trouve pris entre des gangsters et les représentants de la loi).
- Les musiques sont fort bonnes, des groupes californiens sympathiques, et Santana et les Gypsy kings (hum...).
- Surtout, la réalisation est étonnamment virtuose. Les rêves du Dude, qui ponctuent le film, sont hilarants (de son vol plané au-dessus de L. A. à sa parodie de générique de film porno ("Gutterballs", nom de Dieu) avec Julianne Moore en Valkyrie... Que dire ? C'est un mélange d'expressionnisme, de comédie musicale, de cartoon. Très frais. J'aime particulièrement le recours aux plans frontaux, qui campent bien les personnages,avec ces bons vieux champ-contre-champ comme on n'en fait plus assez. Cela pourrait ralentir le film, mais cela en fait un classique.
On pourrait croire que je blague en donnant 10 à ce film. Mais j'estime que c'est de loin le film le plus abouti des Cohen. Pas ambitieux, mais prenant et très "smooth", "The big Lebowski" mérite un fuking A.