Adaptation du best-seller de Michael Lewis The Big Short : Inside the Doomday Machine, le film nous plonge dans le monde merveilleux de la finance, avec son langage spécifique, ses traders et banquiers condescendants au sourire carnassier. Adam McKay va tirer le meilleur de son casting de all-star, pour nous offrir une oeuvre originale et passionnante.


Une histoire inspirée de faits réels, où quand la réalité dépasse la fiction. La folie des hommes a mis le monde en crise. Le capitalisme sauvage a provoqué la faillite de la Grèce. Les USA, ce beau pays qui nous vend du rêve grâce à son talent pour le show, cet immense défenseur de la veuve et de l'orphelin, ce dernier rempart contre les méchants terroristes, ce donneur de leçons et surtout la plus grande arnaque de tout les temps. Elle est atteinte de schizophrénie. Elle est en souffrance et son peuple avec elle, mais elle ne veut pas tomber toute seule et emmène dans sa chute une partie du reste du monde soi-disant moderne. Elle attire, comme elle repousse. C'est une histoire d'amour et de haine, entre elle et nous. On la retrouve partout dans notre quotidien et à force, elle nous agace. Cette passion est destructrice. Elle construit des héros, comme Chris Kyle dans American Sniper, en modifiant l'histoire pour glorifier la patrie et la guerre, mais créer aussi des anti-héros tel Louis Bloom dans Night Call. Elle a deux visages comme Janus.


On va découvrir son côté obscur de la force (on est en période Star Wars, soyez tolérant, merci). Ryan Gosling va humblement nous servir de guide au fil du récit, avec l'aide de guest pour nous permettre de mieux comprendre le terme subprime et autres subtilités de la finance décadente, responsable de la crise financière de 2007.
Christian Bale ouvre le bal, dans le rôle du Dr Burry. Il est celui qui va découvrir comment s'enrichir en anticipant l'explosion de la bulle financière. C'est une sorte de Rain Man, il souffre du syndrome d'Asperger ce qui va lui permettre de jeter son œil de verre, là où personne n'a vraiment envie de perdre son temps. Il va tout miser sur cet éclatement, au risque de passer pour un fou auprès des investisseurs et des banquiers l'accueillant à bras ouverts, trop heureux de lui prendre son argent, en pensant l'arnaquer. Par le fruit du hasard, Mark Baum (Steve Carell) va entrer dans la danse, avec son équipe : Vinny Daniel (Jeremy Strong), Danny Moses (Rafe Spall) et Porter Collins (Hamish Linklater). Deux jeunes entrepreneurs vont s'engouffrer dans la faille Charlie Geller (John Magaro) et Jamie Shipley (Finn Wittrock) avec l'aide de Ben Rickert (Brad Pitt).


Le casting est magnifique. Il n'y a pas vraiment un acteur principal, c'est une somme de talents qui se complète merveilleusement. Mais la grande surprise du film, c'est Adam McKay. Le réalisateur est surtout connu pour ses comédies et son association avec Will Ferrell. Il avait auparavant déjà démontrer sa capacité à mettre en scène. Il avait su allier la comédie et l'action avec Very Bad Cops, où le duo improbable Will Ferrell/Mark Wahlberg était jouissif. Cette fois-ci, il fait de nouveau preuve de maîtrise en jonglant entre l'humour et le drame, dans un style docu-fiction qui accentue la véracité des faits racontés. Il joue aussi avec le spectateur, en laissant ses interprètes s'adresser directement à la caméra, où en donnant un rôle de narrateur à Ryan Gosling, alors qu'il est aussi de la partie en apportant une touche de cynisme jubilatoire.
Adam McKay est aussi au scénario avec Charles Randolph. Le film est bavard mais reste passionnant, grâce au talent de ses interprètes et les idées visuelles où narratives, permettant de ne pas décrocher face au langage des traders. Ils ont créer des termes spécifiques à leur secteur, pour décourager ceux qui veulent entrer dans ce système. Le spectateur est un peu perdu face aux divers termes utilisés, avant qu'on lui explique de manière ludique, pour lui donner envie de continuer l'aventure.


Ce n'est pas vraiment un film de casse. Le quatuor ne va pas se retrouver autour d'une table pour mettre au point un plan machiavélique. Ils ne vont presque jamais se croiser, tout se joue dans les bureaux, par téléphone où internet. Le monde a évolué (enfin, faut vite le dire), un braquage ne se fait plus avec des armes et du sang, du moins pas au premier abord. En exploitant une faille du système frauduleux des banques, nos "héros" vont se retrouver au cœur de celle-ci, à croire qu'on ne peut pas lui échapper. Le serpent se mord la queue et celle du lézard repousse encore et encore. Les dommages collatéraux ne sont pas vraiment visibles, les gens ne sont plus que des chiffres et tout ce qui compte, c'est de s'enrichir aux dépends de l'humain.
Le film est bavard, mais reste passionnant. Adam McKay empêche le spectateur de classer son film dans une case, en jouant avec les codes. C'est parfois bordélique et déstabilisant, mais on reste coller aux costumes des personnages, pour savoir comment tout cela va évoluer, même si on connait la fin de l'histoire. Son humour noir et sa dénonciation d'un système détonne dans une telle production. On ne s'attend pas à réfléchir et à découvrir ce monde si proche et pourtant si loin de nous. C'est divertissant, mais cela pousse aussi à la réflexion, comme dans un documentaire de Michael Moore. Hollywood est encore capable d'offrir aux spectateurs un film intelligent, tout en l'amusant. C'est devenu si rare, que cela serait une erreur de passer à côté de cette oeuvre surprenante.


L'année avait bien commencé avec Foxcatcher. Elle se termine bien avec The Big Short, avec comme dénominateur commun Steve Carell. C'est l'acteur de l'année 2015, avec Ryan Gosling dont son Lost River fût envoûtant. Christian Bale va surement se retrouver nominé aux oscars, alors qu'Adam McKay vient d'entrer dans la cour des grands.

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le 25 déc. 2015

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Laurent Doe

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