La tour infernale
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le 31 déc. 2015
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(J'ai trouvé ça très laid, quasi-illisible. J'ai tenté d'y voir une forme un peu nouvelle, mais je ne crois pas, en fait, que l'on puisse parler de forme. Au fond, c'est même un film qui se défend de toute forme - on ne peut même pas dire : c'est la forme de la pulsion pure, comme on pourrait le dire du dernier Larry Clark. C'est la forme du fatras. Le mot fatras vient de fatrasie, qui était le nom donné à des vers qui ne faisaient pas sens (au Moyen-Age). Eh bien c'est précisément à cela qu'on assiste : à quelque chose qui ne fait pas sens. Les images s'amassent : Ben Laden, Brad Pitt, une chanteuse célèbre, le petit dessin d'un panier de basket, des chiffres, des acronymes... Sans la moindre articulation, sans même un éclat. (A l'exception du crocodile dans la piscine, qui est une belle image, une belle idée de cinéma, mais elle est si belle qu'à vrai dire elle semble ne rien avoir à faire là.) Ce n'est pas le problème du sujet. Par exemple l'économiste Frédéric Lordon a écrit une pièce de théâtre (D'un Retournement L'Autre) à partir de ces mêmes données, et c'est à la fois très didactique et très beau. C'est seulement que les images ne tiennent pas ensemble. Elles n'en prennent pas le risque. C'est en effet risqué, parce qu'on pourrait vite se retrouver chez Michael Moore. Mais Michael Moore a au moins la générosité de sa bêtise. Et The Big Short, sans pour autant échapper à la bêtise (la leçon de Brad Pitt aux petits jeunes, la morale du suicide...), n'est pas généreux.)
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le 29 déc. 2015
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