Quel beau et surprenant virage qu’opère Adam McKay en réalisant The Big Short ! Adepte des comédies US, le papa de Very Bad Cops ou Frangins malgré eux s’attaque au monde de l’économie en racontant comment quatre hommes ont su prévoir l’explosion de la bulle financière. Ambitieux.


Des films sur la sphère économique, il y en a eu. Le glaçant Margin Call ou l’extravagant Loup de Wall Street pour ne citer que les meilleurs. En remontant quelques années avant la crise, le réalisateur prend le parti pris d’affirmer que tout était prévu en adoptant un angle original. Et de singulier, il n’y a pas que cela. On en peut en effet donner aucune étiquette à The Big Short. Car si le jargon financier pourra paraître abscons, tous les délires formels de l’américain participent grandement à la réussite du film.


Il faut être honnête, on se fiche un peu de savoir par quels calculs mathématiques des génies ont anticipé ce krash immobilier. L’essentiel se trouve dans la matière plastique de The Big Short. La caméo de Selena Gomez confrontée à un théoricien de la finance est aussi délirante qu’instructive. Les arrêts sur image, les regards caméras et le montage boosté à la nitroglycérine cassent la barrière qu’il y a entre le spectateur et l’objet filmé. Enfin, la BO composée entre autres de Gorillaz, Gun and Roses, Led Zep’ ou Neil Young renforce le côté pop de cette fiction hybride, aux faux airs de documentaire.


L’autre brillante idée concerne le casting. D’accord, Gosling, Carell, Bale et Pitt se partagent l’affiche. Mais là n’est pas l’important. Non, ce qui compte, c’est que McKay ait eu le soin de grimer tous ses personnages. Chacun, dans leur genre, a été volontairement enlaidi. L’œil en moins ou les teintures de cheveux ne sont pas que des artifices idiots pour ajouter de la densité à ces hommes. Ces détails permettent à ces superstars de se fondre derrière leurs rôles, tous convaincants et magnétiques. La palme revient à Bale et Carell, acteurs au physique d’autistes et véritables monstres d’interprétations.


http://septieme-sens.net

Hugo_Harnois_Kr
7
Écrit par

Créée

le 21 janv. 2016

Critique lue 246 fois

Hugo Harnois

Écrit par

Critique lue 246 fois

D'autres avis sur The Big Short - Le Casse du siècle

The Big Short - Le Casse du siècle
blacktide
8

La tour infernale

Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...

le 31 déc. 2015

63 j'aime

8

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Du même critique

Citizenfour
Hugo_Harnois_Kr
4

Critique de Citizenfour par Hugo Harnois

Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...

le 17 mars 2015

17 j'aime

2

Didier
Hugo_Harnois_Kr
8

Critique de Didier par Hugo Harnois

Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...

le 9 févr. 2014

17 j'aime