Le symbole tient jusque dans le titre : The Birth of a Nation, comme le film sorti en 1915, de D.W Griffith, considéré comme un classique du cinéma malgré sa vision raciste et son apologie des lois raciales. Nate Parker, avec ce film, veut donner un contre point de vue, caméra au poing, en décrivant de manière abrupte les conditions de vie des esclaves dans l'Amérique ségrégationniste. The Birth of a Nation est un cri de révolte, de la part d'un réalisateur engagé, déjà réalisateur de courts-métrages sur les différences raciales aux États-Unis.


Quoi de mieux pour rappeler à l'Amérique de 2017 ses travers que de revenir sur l'épisode Nat Turner qui, il y a près de deux cents ans, fut à l'origine d'une rébellion sanglante qui a conduit à la mort de nombreux esclavagistes américains (et d'esclaves, en grand nombre, comme représailles) ? Seulement, à l'heure où Hollywood s'est déjà penché sur cette période de l'histoire américaine à plusieurs reprises (et avec brio, dans Django Unchained, de Quentin Tarantino (2013), Lincoln (2012), de Steven Spielberg et surtout 12 Years a Slave (2014), de Steve McQueen), Nate Parker ne peut s'empêcher de tomber dans un classicisme formel, où les clichés hollywoodiens sont légions, asservis par une bande originale mielleuse qui nuit à la réalisation.


Surtout, le film pâtit de la volonté de Nate Parker de faire de Nat Turner un super-héros avant l'heure, né pour lutter, destiné à devenir un messie christique (et narcissique ?). Dans son ego trip, Nate Parker ne montre que peu l'influence de la religion dans la domination des maîtres. Sans parti pris artistique véritable, The Birth of a Nation restera comme un premier film aseptisé, louable dans ses intentions militantes de « devoir de mémoire », mais dont le message premier est vite rattrapé par la vision sans nuance de Nat Turner par Nate Parker.

Adao
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le 11 janv. 2017

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