Kuroneko
7.6
Kuroneko

Film de Kaneto Shindō (1968)

Nuées de brouillard, silence musical aux échos naturels, vide oppressant, voilà la conception métaphysique de la vengeance des esprits sur les vivants par Kaneto Shindo. Film sur fond de dramatisme -commun à tant de films japonais- et de surnaturel, la vétusté de ce long-métrage atypique n'entache en rien l'expérience unique qu'il engendre chez le spectateur. Sans être fascinant ni ronflant de par sa qualité, The Black Cat ne m'a pas pour autant empêché de prendre un réel plaisir à parcourir ces courtes 3 heures coupées en deux.

Deux femmes habitant une ferme abandonnée par le fils -et mari- parti à la guerre au coeur du Japon féodal se retrouvent subitement confrontées à une vingtaine de samourais, tous ayant délaissé la voie de l'honneur, lesquels s'immiscent grossièrement dans la maisonnée. Inutile de vous décrire ce qui s'ensuit... Les corps féminins inertes sur le sol, au coeur des restes de l'habitation ravagée par les flammes, reçoivent la visite d'un étrange chat noir aux miaulements inquiétants, et dont l'écho s'écrase sans vergogne sur les bambous alentours.

S'ensuivent une série de meurtres sur des samourais solitaires qui ont eu le malheur de se faire entrainer par une femme éperdue somme toute fort séduisante au seuil de la désormais fameuse porte du Dieu Rashô, ou Rashomon, ou Rajomon Gate (pour les américains...). Vous savez, ce porche superbement mis en scène par Kuro... Mais bon, nombre de légendes nippones en font allusion, et cela n'a donc rien d'étonnant que celle-ci se retrouve finalement être le théâtre élément déclencheur de cette vengeance surnaturelle...

Les esprits jaugent la vie, l'éradiquent ou l'épargnent. L'Homme est mais n'est plus, il existe sans vivre, et seul l'accomplissement de la vengeance saurait l'apaiser, parait-il. Reste à voir ce long-métrage pour avoir la réponse à cette question selon l'esprit de Kaneto Shindo... Le scénario est correct, le script très discret -l'on ne s'en plaindra pas non plus-, et malgré quelques légères longueurs, la caméra remarquable et l'ambiance si particulière nous poussent inconsciemment à nous accrocher au fil de cette histoire tragique et spirituelle.

Très particulier, The Black Cat ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. mais il s'en dégage une certaine magie de par son thème et son ambiance, une magie à côté de laquelle tout amateur de cinéma japonais ne devrait se permettre de passer sans y jeter un bon coup d'oeil avide et curieux.

Créée

le 16 août 2012

Modifiée

le 16 août 2012

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Taurusel

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