Voilà un film bien propre, bien léché, et capable de transmettre de vives émotions.

Je craignais le pire pathos possible au vu du pitch : l'ascension d'un jeune issu d'un milieu défavorisé. Un combat auquel Hollywood nous a habitués par le biais de scènes poignantes révélant ô combien la pauvreté est douloureuse dans notre système.

Mais l'intelligence des scénaristes, c'est d'avoir adopté, ou plutôt privilégié le point de vue de la famille riche. De même que le pauvre noir de service, sans être un abruti, ne semble jamais se morfondre mais juste accepter dignement son statut. De la sorte, on évite le misérabilisme écoeurant et l'on se surprend à rire honnêtement des gaffes de l'un ou l'autre. Les conflits, il y en a , mais ils restent assez minimes, minces. Ils sont suffisamment présents pour donner des enjeux, pour continuer d'éviter le misérabilisme facile, pour éveiller le spectateur. Et c'est grâce à cette famille riche. Et au travail de personnage. Les dialogues sont très travaillés pour éviter toute ambiguïté; ainsi, impossible de soutenir la thèse selon laquelle cette famille est opportuniste. On sent aussi un travail de distanciation par rapport aux faits. On sent que tout ne colle pas à la réalité, qu'une part de fiction est intervenue, notamment dans l'écriture des personnages tous simples. C'est du bon boulot. Je regrette simplement qu'il n'y ait pas plus de conflits à résoudre, cela aurait donné lieu à plus de 'petites' victoires.

La mise en scène est assez lisse, propre. Pas grand chose à reprocher. Au moins on évite la mise en scène glauque comme pour lier les origines de Big Mike au style visuel. Bon il reste les séquences de flashback assez pénibles mais de courte de durée, et des scènes d'action pas toujours très lisibles. On aurait aimé peut-être une mise en scène un peu moins anonyme. Mais les choix adoptés sont loin d'être les pires. Et puis surtout, le film bénéficie d'un casting irréprochable. J'aime bien Sandra Bullock. Elle n'a peut-être pas toujours fait les meilleurs choix artistiques, il n'empêche qu'elle est l'une des actrices de sa génération les mieux payées ; son investissement dans ses films est exemplaire, ici encore une fois elle ne dénote pas à l'ensemble, au contraire ; de plus, l'actrice, en plus d'être bankable, est vraiment très très sexy même si je la préfère en brune. Le géant qui interprète Big Mike est également assez touchant, sorte de Gabourey Sidibe au masculin. Le reste est très bon aussi.

Bref, "The blind side" n'est pas un grand film, il est un peu trop lisse, ça manque un peu de conflits, mais ça reste le genre de film à oscars très agréable à regarder.

PS : je précise aussi que tout le discours religieux pourra déplaire à plus d'un. Personnellement je trouve que ça n'empêche pas d'apprécier le film, après tout, il faut respecter les convictions d'autrui. Il est d'ailleurs amusant d'apprendre que Sandra Bullock a d'abord refusé le rôle à cause de cette dimension, mais qu'elle a finit par accepter malgré tout, même si elle considère son jeu dans le film assez mauvais...
Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 3 avr. 2014

Critique lue 1.3K fois

4 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

4

D'autres avis sur The Blind Side : L'Éveil d'un champion

The Blind Side : L'Éveil d'un champion
sankaman71
6

Critique de The Blind Side : L'Éveil d'un champion par sankaman71

"The Blind Side" est plutôt pas mal, cependant il laisse une impression dérangeante. D'une part l'oscar décerné à Sandra Bullock est vraiment étrange, si son jeu est convaincant je ne vois pas en...

le 4 janv. 2011

7 j'aime

3

The Blind Side : L'Éveil d'un champion
NathAlly
9

Critique de The Blind Side : L'Éveil d'un champion par NathAlly

The Blind Side : après The Proposal et All About Steve, nous retrouvons Sandra Bullock dans un film nominé deux fois pour les prochains Oscar (meilleure actrice et meilleur film) et dans lequel on...

le 1 oct. 2010

7 j'aime

1

The Blind Side : L'Éveil d'un champion
Plume231
5

Carey aurait dû l'avoir !!!

Je me demandais jusqu'ici si ma déception du fait que Carey Mulligan n'ait pas reçu l'Oscar du Meilleure Actrice pour son rôle, où elle est éblouissante, dans "Une Education" était légitime ou pas...

le 10 avr. 2014

5 j'aime

4

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55