Sofia Chocolat a encore raté son gâteau

Pauvre Sofia, tu t’es trompée dans la recette.


À vrai dire, c’est même de pire en pire. Dix ans ont passé depuis Lost in Translation et on ne peut que déplorer la régression progressive (mais constante) de ton œuvre si tant est que l’on admette un jour que tu aies réalisé un bon film. Dire que les Inrocks t’affublent du statut privilégié d’ambassadrice du cinéma indépendant américain permet au moins d’attribuer en retour au magasine la palme du plus gros diffuseur de conneries qui soit.


Concernant le film, il y a à peu près autant à dire que la minceur de l’intrigue. Un groupe d’adolescents composé de quatre nanas et un mec, tous de la upper middle-class californienne, s’introduisent dans les baraques de leurs célébrités préférées dans le but de les piller. Un rêve commun les anime en s’immisçant dans ses villas : revêtir l’habit de star et devenir de facto célèbre à leur tour. En fait, l’intrigue est en quelques sortes en elle-même un spoiler. Car si vous aviez songé vivre un soupçon de suspens quant à l’évolution de la tournure des évènements, vous pouvez vous mettre le doigt où je pense. La preuve en est avec l’irruption répétée de voix-off dans la narration présente qui relaie les interrogatoires des jeunes après s’être fait arrêtés. Ainsi en résulte un film plat, dénué de tout suspens puisque le dénouement est connu d’avance. Au-delà de ça, le film est une succession chronique de scènes insipides que l’on pourrait aisément découper de la sortes : intrusion des jeunes dans une maison – moment fête – intrusion – moment facebook – intrusion – moment essayage de fringues – intrusion…


Peut-être me rétorquerez-vous que l’intérêt du film est ailleurs. Pourquoi pas, mais alors où se cache-t-il ? Coppola s’interroge clairement sur le rapport et l’emprise du star-système sur tout un pan de la jeunesse.
Mais encore une fois, la cinéaste dresse un portrait tronqué de ladite jeunesse. Tous les éléments descriptifs sont passés en revue tels que le désillusionnement, la prise de drogues, la consommation d’alcool, le commérage sur la vie des stars, l’immersion abusive dans le monde virtuel, la fascination pour les paillettes, le rêve de gloire et j’en passe. Malheureusement, ils sont poussés jusqu'à atteindre leur paroxysme, ce qui en devient fatalement caricatural.
Certes, le film évite de tomber dans l’écueil moralisateur mais du coup, on a l’impression que l’effet inverse du but initial (faire réfléchir) se produit. Je ne remets pas en cause la bonne foi de la réalisatrice quant à ses intentions mais j’ai eu mainte fois l’impression d’avoir été parachuté devant un très long clip façon MTV. Ainsi en découle davantage une allégorie de ce système qu’une remise en cause.


Comme tous les clips diffusés sur la chaine américaine, le seul intérêt réside dans la fixation du déhanché de pétasses en mini-jupes moulantes. Et heureusement dans ce rôle là, sur ce gâteau pourtant bien fade, demeure pour la douceur de nos yeux le minois et les courbes d’Emma. Merci Sofia pour ces quelques copeaux là.

J’ai décidemment bien du mal à trouver des points positifs au film mais après avoir entre aperçu la bande-annonce ce n’est qu’une demi déception. Il fallait évidemment pronostiquer un film pour pétasses écervelées, finalement à l’image des personnages féminins. Je n’oublierai pas de mentionner le manque de profondeur affligeant des personnages.


En somme, Sofia est encore cette ado névrosée qui ne parvient pas à s’accomplir en tant que femme : la plupart de ses films cristallisent ses pulsions de jeunes filles non assouvies et on ne sait jamais trop de quel côté de la ligne elle se trouve. Sans doute à mi chemin entre fantasme refoulé, et ce qu’on pourrait qualifier de bien-pensance sociale.

Kapower
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le 13 juin 2013

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