Sofia Coppola n’a plus rien à prouver. Elle n’avait déjà plus à le faire depuis son premier film, Virgin Suicides, tant elle a mis tout le monde d’accord. Elle remet le couvert avec le superbe Lost in Translation, le chef d’œuvre Marie-Antoinette puis le plus décrié Somewhere. Cette année, elle revient en ouverture de la sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes avec The Bling Ring, l’histoire vraie d’un groupe de cinq adolescents des banlieues huppées de LA qui décident d’aller cambrioler les maisons de stars et de people. Paris Hilton, Rachel Bilson, Audrina Patridge, Orlando Bloom ou encore Lindsay Lohan en ont fait les frais. C’est donc de cette histoire dont a décidé de s’emparer la progéniture surdouée du réalisateur de Apocalypse Now.
Et c’est sans conteste une réussite.

Adapter un article écrit par Vanity Fair, quand bien même celui-ci est passionnant, n’était pas forcément la chose la plus facile à faire. Pourtant c’est fait avec succès. L’histoire en elle-même est prenante. Que cette bande de potes arrive à entrer chez les stars en quelques recherches Google, que Paris Hilton laisse sa clé sous le paillasson (c’est relaté dans l’article) et que eux s’en sortent avec 30 000$ rien que pour leur premier cambriolage, sans que Paris ne s’en rende compte, relève d’un véritable scénario hallucinant. Et le film se suit avec un plaisir non dissimulé, quand bien même on se doute de l’issue de la chose et ce, à cause de plusieurs facteurs.

Si la promo met en avant Emma Watson, ce n’est clairement pas elle la véritable star du film, puisqu’elle n’est finalement qu’un second rôle. Israel Broussard y campe Mark, le seul mec de la bande, pour son troisième long métrage. Mais surtout, la vraie révélation est Katie Chang, Rebecca, la tête forte de la bande. Son jeu intense irradie l’écran de toutes ses apparitions et en fait un personnage aussi bien fascinant que flippant. Manipulatrice, froide, sa beauté glaciale en fait probablement le meilleur choix de tout le casting. Les autres acteurs quant à eux ne sont pas en reste, Emma Watson y est toujours superbe et fait oublier en quelques secondes son rôle de coincée dans Harry Potter (on avait déjà commencé à l’oublier dans The Perks of Being a Wallflower) et si Claire Julien et Taissa Farmiga sont un peu en retrait, elles n’en sont pas moins excellentes.

Également, Sofia décide de ne pas prendre parti une seule fois sur 1h30. Elle constate un comportement de la jeunesse américaine et de la société de consommation, mais ne dénoncera jamais. Ce choix se retrouve aussi dans sa réalisation, d’une justesse affolante. En effet, elle nous emmène encore une fois au plus profond de l’intimité de ces protagonistes, montrant leurs failles, leurs peurs et leurs doutes. Coppola reste Coppola et clairement, la réalisatrice prend son temps. Il reste toujours ses longs plans silencieux qui en disent long sur l’ambiance régnant sur les personnages ou les situations, à la limite parfois du contemplatif, et ce n’est pas pour nous déplaire. Pour la première fois également, Air n’est pas derrière la BO et le film prend une toute autre dimension, on est moins dans la « rêverie » que pour Virgin Suicides par exemple, donnant alors au tout un aspect plus réaliste.

D’amblée, on retrouve dans cette histoire deux thèmes forts dans la filmographie de Coppola, et c’est probablement avec ça qu’on peut comparer The Bling Ring à Marie-Antoinette : après tout, c’est l’histoire de jeunes voulant mener une vie qui n’est pas la leur, où ils ne sont pas à leur place. Un peu à l’inverse de l’image du personnage incarné par Kirsten Dunst qui se retrouve dans une vie qu’elle ne souhaite pas, ces ados, eux, vont essayer de s’y mettre de leur plein gré, sans pour autant spécialement y arriver. On retrouve aussi l’image de la famille très forte, avec la mère de Nicki, incarnée par Leslie Mann, et celle du père absent avec Becca. On se doute d’ailleurs que c’est probablement ce qui a attiré Coppola sur le projet, tant on a l’impression que cette histoire a été écrite pour / par elle et semble assez personnelle dans les thèmes abordés.
AlexLoos
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le 16 mai 2013

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