L'ennui dans une paire de Louboutins, ça ne fonctionne pas.
Sofia Coppola fait des films particuliers, elle aime réaliser des œuvres qui ne s'adressent pas à tout le monde. Et si l'on devait citer le premier point noir de « The Bling Ring » c'est justement par ce qu'il est tout le contraire de ce que la réalisatrice a pu faire auparavant.
L'ennui, c'est quelque chose de récurent dans la filmographie de Sofia Coppola, mais pas l'ennui dans le sens où les films sont longs et qu'il ne s'y passe rien, non il s'agit plutôt de la manière subtile dont la réalisatrice parle de l'ennui et le rend fascinant. Dans « Lost in Translation » et « Marie-Antoinette » il s'agit du quotidien des protagonistes, dans « Virgin Suicides » et « Somewhere » c'est la condition des personnages, mais dans « The Bling Ring » alors ? Le fait de cambrioler devient-il lassant pour les personnages ? C'est probablement le message que l'on devait saisir, hors ici ça ne fonctionne pas, la raison à cela étant principalement due au fait que les protagonistes sont totalement creux. On arrive donc à la conclusion que le sujet n'était pas approprié à la façon de faire de la réalisatrice, filmer l'ennui et le rendre intéressant ne fonctionne pas à tous les coups, sauf si les personnages dont on narre l'histoire ont une once d’intérêt, ce qui n'est pas le cas ici. Tout ceci ne nous amène jamais à quelque chose de convaincant ou d'intéressant, à quoi bon filmer des petites connes qui cambriolent des maisons de stars, si ce n'est pour apporter aucune vision à cela ?
C'est regrettable car nous étions en droit de voir Coppola prendre des risques avec un sujet pareil, mais il faut bien avouer que malheureusement elle se contente de faire ce qu'elle a toujours fait. Mauvais choix que de se reposer sur ses lauriers, d'autant plus que les personnages sont par définition antipathiques, ils ne sont pas écrits pour que l'on s'attache à eux.
L'autre gros problème de « The Bling Ring » c'est son accessibilité, le film s'adresse à un public trop large contrairement aux autres films de la réalisatrice. Eux étaient bien plus intimistes et avaient également plus de contenance, peu importe qu'ils soient plus difficiles à aborder, ces œuvres là racontaient quelque chose au moins. Ici tout semble calculé pour donner envie de remplir les salles, peut importe que le sujet soit traité de manières subtiles ou pas, il y a Emma Watson sur l'affiche alors inutile de prendre trop de gants, les fans de l'actrice seront de toutes façons ravis de la voir ici.
Encore une fois c'est un mauvais choix ...
Outre ces points noirs qui gâche vraiment tout le film, il faut reconnaître à Coppola quelque chose : La beauté de sa mise en scène, même si c'est une habitude maintenant au bout de cinq métrages. Les plans sont beaux, les ralentis sont gérés de manières intelligentes et la plupart des émotions passent à travers les images dénuées de dialogues, encore faut-il que ces personnages aient des émotions à partager. Si l'on pouvait également accorder quelque chose de positif au film, c'est la construction des personnages, bien que ceux-ci soient totalement antipathiques, il s'agit ici de logique. Nous ne sommes pas censés nous attacher à des cambrioleuses superficielles et sans scrupules, et heureusement Coppola est assez intelligente pour ne pas embellir ces personnages. Mais malheureusement c'est tout ce que l'on pourra accorder de bon au film, car même la musique est ici mal choisie, fait surprenant quand on sait l'importance que Sofia accorde aux morceaux musicaux dans ses films. Le casting n'est pas foncièrement mauvais, les actrices sont pour la plupart des inconnues, mais elles font leur job et sont superficielles à souhait, cependant il n'y avait pas non plus ici de grands enjeux concernant les performances.
« The Bling Ring » est donc pour ma part une déception, j'attendais certainement trop du film et Sofia Coppola me déçoit pour la première fois, je m'en retourne revoir « Lost in Translation », afin d'oublier cette incommensurable bêtise creuse et dénuée d'intérêt.