Adaptation d’un roman de Yūko Yuzuki où l’auteure y retranscrit toute sa crainte et sa fascination du milieu de la mafia japonaise dans les années 80, The Blood of Wolves est une réponse forte à la trilogie « Outrage » de Takeshi Kitano.
Le film tente par ce biais le renouveau du « Yakuza Eiga », un cinéma qui a eu ses années de noblesse dans les 70’s avec des films de référence comme « Guerre des gangs à Okinawa » et ou encore « Combat sans code d’honneur », par l'expert Kinji Fukasaku.
Même si le genre fut très longtemps monopolisé par Kitano ou même Takashi Miike et ses films loufoques (je pense à l’excellent Gozu), on peut dire que ce The Blood of Wolves est un nouveau concurrent solide qui arrive à synthétiser tout ce qui fait la force du film de Yakuza, en y incorporant l’humour et la démesure caractérisants certaines œuvres plus actuelles.


Outre un scénario dense aux multiples rebondissements, c’est avant tout Koji Yakusho qui porte le film.
Incarnant un policier « de gang », il est la fusion parfaite entre le yakuza (attitude, violence, look) et l’inspecteur de police. Son talent est tel que l’on arrive difficilement à discerner s’il est de la pègre ou de la justice nationale, étant donné qu’il virevolte avec brio entre les deux organisations afin de limiter les risques de guerres de gangs.
Médiateur indispensable pour les différents camps, son rôle à double-jeu est magnifiquement interprété ; on sent un Koji se lâchant complètement, à la fois violent et fin stratège, jonglant avec les clichés du milieu de la pègre. Un rôle riche, sans filtres et sans limites, qui marque une nette différence avec les personnages interprétés précédemment dans d’autres films, notamment chez Kiyoshi Kurosawa, où Koji y apparaissait plus calme et réservé.
C’est donc une réelle surprise de le retrouver aussi investi dans un film de mafia, qui lui révèle une palette de talents d’acteur tout bonnement exceptionnelle.


Dans les acteurs marquants, on peut également souligner la présence de l’excellent Renji Ishibashi (Gozu, Dead or Alive, Outrage), jouant à nouveau le vieux yakuza malsain sans aucune morale, qui malgré ses apparences de noble vieil homme, arrive à distiller une cruauté sincère et sans faille avec seulement quelques mots. Sa rivalité avec Koji est par ailleurs travaillée, et fait partie des nombreux fils scénaristiques intéressants à suivre.


Comme précisé au préalable, l’humour n’est aussi pas en reste. En effet, à l’instar de la série de jeux vidéo « Ryu ga Gotoku » de SEGA dont le film doit sans aucun doute s’inspirer, l’intrigue est ponctuée de scènes drôles, finement placées, qui ont l’avantage avec tout le talent du réalisateur, de ne jamais faire faiblir le charisme des personnages et de leurs redoutables organisations.


Le problème du film selon moi vient de la jeune recrue accompagnant Koji, acteur « drama-tique » au look de jeune premier pour minettes. Son rôle est intéressant mais souvent trop lourd pour ses maigres épaules. Les quelques longueurs pénibles que distille le film sont souvent en sa compagnie, avec des passages surjoués pour ne pas dire embarrassants, cassant parfois l’aura virile et poignante du film.
Aussi, carton jaune pour la bande son qui s’avère fadasse, moderne et sans aucune envergure, alors que les diverses et fortes scènes auraient pu être magnifiées par de charmantes sonorités 80’s, vu le contexte d’époque.


Mais malgré cela, The Blood of Wolves est une bonne surprise. Superbe visuellement, bien écrit avec un contexte fidèlement retranscrit, c’est une nouvelle pièce majeure du genre « Yakuza Eiga » qui inaugure sans doute le meilleur pour la suite, en espérant que cette nouvelle vague perdure.

Raoh
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le 18 déc. 2018

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