Je pensais que "The Box" marquait l'abandon de Richard Kelly à vouloir faire des films au scénario suintant l'engrenage symbolique complexe ; oui je pensais que ce film était un simple thriller de science-fiction, inspiré par un épisode vendeur de la "Twilight Zone". J'avais tort.


Il faut féliciter Richard Kelly qui a su compléter le scénario de départ, c'est-à-dire une idée qui se tient en un épisode de série, pour arriver à un long métrage ; pas de problème de longueur, le film est riche en événements sans pour autant délaisser les personnages à l'instar de Matheson. Kelly réussit même l'incroyable pari de se réapproprier l'aspect relationnel puisque les héros sont calqués sur ses parents, on peut donc dire que sous ses airs de film de science-fiction, il s'agit là d'un projet très personnel, voire autobiographique. Enfin presque. Parce que Kelly s'intéresse plus à l'universel qu'au particulier et que toutes ces informations véridiques ne font jamais que nourrir un discours philosophique aussi intéressant que pessimiste.


Kelly, c'est aussi l'auteur qui aime compliquer les choses tout en prenant son temps. Non pas que l'intrigue soit incompréhensible, mais juste que certaines ellipses brutales perdent un peu le spectateur : Kelly aime que le fantastique arrive de nulle part, quand on s'y attend le moins, non pas pour faire sursauter mais juste pour marquer l'inattendu. Malheureusement, il est parfois un peu maladroit dans sa démonstration et certaines scènes paraissent ainsi fort décousues. Ce qui provoque certaines petites longueurs au film. Toutefois, l'intrigue ne perd jamais en intérêt.


Le message, bien que maladroitement transmis par moment, permet de faire le lien avec les précédents films de l'auteur, marquant ainsi la volonté de créer une œuvre cohérente. C'est aussi un peu fourre-tout, j'ai d'ailleurs cru à un discours sur la difformité intérieure par le biais de handicaps extérieur (le pied, la joue, les saignements de nez) mais cela s'est vite avéré être une fausse piste.


La mise en scène comporte plusieurs moments de grâce, notamment grâce à ce mélange d'images hypnotiques et de musiques rassurantes (en puisant dans une tracklist des années 70-80). Malheureusement, la photographie m'a un peu déçu dans le sens où je n'ai pas compris la raison d'une image aussi typique du DV pour un film qui se veut d'époque. De même que le côté brillant m'a un peu exaspéré ; peut-être aurait-il mieux valu privilégier une image plus classique, plus terne ?


Les acteurs font du bon boulot. Marsden toujours trop rare à l'écran, compose un héros réussi ; Diaz se montre elle aussi convaincante même si je la trouve de moins en moins jolie au fil des ans. Les effets spéciaux ne sont pas parfaits, loin de là. On sent que Kelly n'a pas eu le budget nécessaire à faire un meilleur rendu. Cela fonctionne néanmoins au vu de leur utilisation.


Bref, "The box" est un film de science-fiction intéressant, un bel exercice de la part de Richard Kelly qui prouve qu'il est possible de faire de bonnes adaptations/remakes si l'on s'en donne les moyens (en même temps, Kelly est un grand fan de Matheson et ce film était un rêve pour lui). Là où l'on rencontre la déception, c'est dans la maladresse du scénario et une photographie pas toujours convaincante (peut-être la faute à un budget trop serré). Toujours est-il que Kelly est inactif depuis longtemps, les projets qu'il tente de mettre sur pied ne trouve pas de financements. Dommage, l'un d'eux, "Amicus", est un polar pour lequel Cage a signé.


Bonus :http://image.noelshack.com/fichiers/2015/11/1426016299-the-box.jpg

Fatpooper
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le 29 mai 2014

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