Ca monte, ça monte, ça monte, c'est fini.

Les thrillers psychologiques sont des exercices assez difficiles à réaliser, misant leurs enjeux strictement sur les comportements des personnages mis en scène. Ce n’est pas tant une question de charisme que des sujets abordés, à savoir les petits mécanismes sociaux qui font déraper une situation plutôt stable dans un tourbillon vicieux. A ce jeu là, Easton Ellis a déjà largement fait ses preuves (ses livres s’articulent essentiellement autour de cette formule, transposée dans différents milieux (étudiants avec Moins que zéro et Les lois de l’attraction, golden boy avec American psycho…)), et voir un réalisateur de la trempe de Paul Schrader mettre en scène le projet rassure. D’ailleurs, techniquement parlant, le film est une réussite. L’impeccable photographie en fait un très bel objet, intelligemment appuyé par une bande son électro tout à fait appropriée pour la modernité de ce thriller « branché », narrant les interactions de plusieurs trentenaires sous le soleil d’Hollywood. La menace vient surtout de Christian en l’occurrence, riche héritier bénéficiant d’une aisance financière et obnubilé par la maîtrise totale de son quotidien immédiat, qui empoisonne peu à peu la vie de Ryan. The Canyons est un peu long à la détente. Ses portraits sont réalistes et parfaitement cohérents, et les débuts de dégradation commencent à arriver au bout de 50 minutes. Hélas, la lenteur de cette introduction n’est pas vraiment rattrapée par la suite, malgré d’honnêtes efforts de noirceur (les tentatives de frustration sexuelles, la dégradation progressive de la situation de Ryan). Le récit prend enfin la dimension qu’on attendait avec le premier meurtre, et enfin, le spectateur recommence à espérer. Espoir de courte durée hélas, le film s’achevant 10 minutes plus tard sur ce qui aurait dû être son milieu de film. Il débouche sur une intéressante situation, hélas non conclue, et finalement inaboutie. Une issue plutôt frustrante pour un projet doté d’une aussi belle direction artistique, qui aurait pu tenir les promesses annoncées en allant un peu plus loin. En l’état, quelques beaux restes, et surtout une modernité assez réussie qui devrait plutôt bien vieillir.
Voracinéphile
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le 12 janv. 2014

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