Puisque la haine ne cessera jamais avec la haine, la haine cessera avec l'amour.

Merci Bouddha pour ce titre qui en dit long sur la violence, la haine, la rage et l'amour qui habite The Chaser.
Cette leçon d'efficacité qui sans introduction vous met au cœur d'une histoire finalement presque déjà vu mais qui en devient cauchemardesque par sa fureur rageuse. Au cœur d'une histoire qui va vous nouer l'estomac, vous contracter les poumons comme jamais, concasser votre poitrine et rendre inerte votre capacité à détourner l’œil.
Le film commence que tout est déjà là, l'ancien flic, le 48.85, la folie commence déjà alors que vous n'avez à peine pu poser votre fessier sur ce qui va être votre ami pendant les deux heures qui vont suivre : votre soutien, votre lit, fauteuil ou canapé.


The Chaser monte sans cesse plus haut, en tension, en rythme, en puissance vengeresse. Plus haut dans la rage, la haine mais aussi dans l'amour que Joong-ho développe pour cette petite à la répartie certaine. The Chaser donne une leçon de construction, c'est l'un des films les plus rythmés dans ce genre. Ça va clairement à 100 à l'heure tout du long, sans jamais reposer le spectateur. Et pourtant...souvent on se dit que ça va ralentir, mais non, The Chaser repart, Joong-ho se remet à courir pour retrouver cette pute insignifiante. Mais devant l'horreur plus rien n'est insignifiant, la traque devient raison de vivre, 48.85 doit payer.
Kim Yun-Seok et Ha Jung-Woo se livrent alors un duel atroce, rempli de violence et de haine, cela ne tient même plus du jeu comme on pouvait le voir dans Se7en. Ici, tout n'est que fureur, qu'acharnement et folie. La frénésie du serial-killer contre la haine de l'ancien flic devenue proxénète qui retrouve une vieille amie dans sa traque : le besoin de justice.


The Chaser est une critique de la bureaucratie policière quasi extrême, la police est ici totalement détruite, rendue à être une institution incapable d'attraper un tueur fou qui a pourtant avouer tout ça pour cause de manque de preuve ou de mobile. Mais 48.85 n'a aucun mobile. Rarement vu une critique aussi violente, aucune concession n'est faite, jamais la police ne trouve le moyen de se rattraper. Cette pulsion de justice disparait totalement sous la paperasse pour finalement n'exister que dans l'ancien flic devenu proxénète. Quelle ironie. Lui, l'homme qui a abandonné ses idéaux, se voit être le seul homme capable d'arrêter la furie meurtrière d'un psychopathe sans limite qui, à coup de marteau, de pelle et de ciseau à pierre, détruit crâne et existence.


Le film dégage une telle puissance tout du long qu'il est presque difficile de dégager quelques scènes. Mais la confrontation finale est évidemment énorme, la haine contre la haine, seul l'amour de cette jeune gamine rendra justice, rendra un peu d'humanité à tout ce chaos. Mais c'est surtout quand Joong-ho se retrouve face à son échec que The Chaser est puissant, quelle scène bon dieu ! Il aura couru, crié, levé les yeux, cherché, hurlé, réfléchi pour finalement ne pas entendre la sonnerie de la vie et de la délivrance. Cette détresse rageuse fou des frissons.


The Chaser est un thriller comme on en fait tellement peu. Incomparable tellement il transpire la fureur et la haine, fabuleusement mené et rythmé, formidablement interprété par les deux hommes centraux, rudement bien filmé et réalisé mais surtout étonnement puissant. Ce n'est pas quelques scènes qui vous restent en mémoire, c'est un tout. Un tout violent, critique, furieux, épique mais si doux quand vous vous remémorez Joong-ho sourire en entendant la répartie innocente d'une jeune gamine. Bravo.

Halifax

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