Knowing is good, but knowing everything is better.

Adaptation du livre de Dave Eggers, The Circle se veut être une sorte de mise en garde des dérives du monde moderne, en particulier celles liées aux nouvelles technologies, à la façon de Black Mirror. Alors que le monde occidental s'étripe sur la moralisation de la vie politique et la transparence des élites afin de s'assurer qu'elles ne s'enrichissent pas illégalement, un consensus silencieux se développe petit à petit: la transparence, c'est génial, surtout chez les autres. Tout comme on trouve que les éoliennes sont très écologiques voire salvatrices quand elles ne sont pas dans notre jardin, on semble s'accorder sur le fait que la transparence ne concerne pas sa propre personne. Pourtant, dans le même temps, on n'oublie pas de poster régulièrement sur les réseaux sociaux pour partager notre quotidien, que ce soit sur Facebook, Instagram, ou même Sens Critique oû l'on n'oubliera pas de venir mentionner les derniers films ou albums sur lesquels on s'est penché.

Projet ambitieux pour The Circle donc, qui se voit porté par une Emma Watson qui ne choisit généralement pas ses films au hasard. Malheureusement, le film échoue dans son propos. Il est probable que la faute incombe au livre dont il est adapté, mais ne l'ayant pas lu je me contenterai, tel l'ignare que je suis, de le reprocher à l'ensemble de l'équipe du film.
Côté technique, pas grand chose à redire. Mise en scène honnête (bien que l'entreprise qui surveille le monde entier ne se préoccupe pas de sa salle de serveurs), acteurs allant du très moyen (coucou John Boyega et Ellar Coltrane) au plutôt bon, Tom Hanks et son look à la Steve Jobs en tête. On notera tout de même qu'Emma Watson est incapable de tenir un accent américain sur plus d'une phrase, quelques prises de plus n'auraient pas été du luxe.

Il est malheureusement nécéssaire de dévoiler l'intrigue du film pour expliquer en quoi il ne fonctionne pas puisque c'est la résolution qui se plante dans les grandes largeurs. Le personnage principal s'enfonce pas à pas dans une transparence extrême, acceptant de dévoiler au monde son quotidien en direct, perdant amis et famille aussi vite qu'elle gagne des followers. Comme on peut le prévoir et à la manière d'un épisode de Black Mirror, un drame en découle et on peut s'attendre à une chute sans fin. Sauf que, un des fondateurs de The Circle qui abhorre ce que sa création est devenue veille au grain. La jeune Mae, devant la réaction de ses parents et de sa seule vraie amie, prend conscience de ce qui lui arrive et prépare visiblement un plan pour faire tomber le système et faire comprendre au monde que le délire est allé trop loin.
Le plan est ...... Roulement de tambours......

C'est donc le discours du film qui passe au travers. Qu'un film décide d'être amoral pour dénoncer une dérive, ce n'est pas un problème en soi. Qu'il n'y ait pas une résolution qui nous débarrasse de tout problème et nous ramène dans un monde de Bisounours, ce n'est pas un soucis non plus. Là oû ça coince, c'est qu'une fille, présentée comme réfléchie, qui a été victime de ses excès et qui en prend conscience, et le type qui dénonce depuis le début les problèmes d'éthique engendrés par The Circle, décident ensemble de pousser le bouchon un cran plus loin et de vivre paisiblement avec le monstre qu'ils ont créé. Sur le papier, ça vous parait peut-être un peu brumeux, mais je vous promets que lors du visionnage le non-sens est évident.

Un film ambitieux qui oublie son message et se rate gentiment.