Ta soeur gueule

Film troublant avec l'esquisse d'une critique du "système" qui opère un retournement de veste des plus improbables vers une propagande pro-système nauséabonde partagée entre mauvaise foi et franche bêtise.

The Circle semble avoir compris que les conséquences du tout-et-toujours-connecté sont catastrophiques, semble avoir bien compris pourquoi (?) et comment (?) mais ça n'empêche en rien The Circle de finalement tenter plus que tout d'y encourager son publique.

Pour ce faire, The Circle use de la très sainte "bien-pensance" en n'hésitant pas à la pousser dans ses pires caricatures (la totale transparence en politique, l'entraide mondiale, vaincre les maladies, prévenir les drames, etc.), au point que dans sa première moitié, le film semble nous la pointer comme "piège" (ce qu'elle est réellement) au travers duquel son héroïne, Mae, se voit entraînée dans un calvaire. En effet, si Mae, pucée, parle désormais toute-seule (mais en réalité à tout-le-monde), affichant son air le plus jovial, son nouveau statut détériore puis détruit ce qu'étaient ses attaches sociales et ce qui la tenait à cœur depuis toujours.

Si depuis le début, son personnage semble penser que "les choses" vont trop loin, semble chercher l'assise professionnelle au détriment de son éthique personnelle, le film fini par nous la montrer dépourvue de toute sensibilité autre qu'à viser la réussite d'une mondialisation dans un crescendo de totalitarisme techno-fascisant.

Elle rompt avec cet ancien-monde, entendre "non-connecté" et au besoin le détruit en prenant soin de ne pas le faire exprès. Ses parents, tout comme Mercer (l'amour qui lui pendait au nez) argumentent de façon rationnelle à l'encontre de l'escalade bigbrotherienne et vu leur caractère "sympathique" on s'imagine que c'est là la visée du film (?)

Ces ruptures se font au profit de son fascebook, du cloud et de son millions d'ami/es virtuel/les, avec un discours de sainte nitouche sur-formatée qui ne pense qu'au bien de la veuve et de l'orphelin, aux plus démunis de ce monde dans un soucis de transparence obligatoire et heureuse grâce à l'omniprésence de petites caméras et drones audio-visuels, aux implants RFID ... WTF ?

Puis, Mae démontre la super utilité de son réseau de surveillance en retrouvant un criminel. Pas le pire sérial killer ou trafiquants d'êtres humain, non, au hasard... Devant l'opportunité d'arrêter un multi-violeur d'enfants on choppera peut-être un délit de fuite suite à l'écrasement d'un chien une nuit d'hiver (?) ... Jackpot ??! Une mère latino a enfermé ses 3 enfants pour sortir un soir et n'est rentrée qu'après un mois, tous morts de faim (on peut imaginer que la responsabilité de la dite "latino" peut-être extrêmement variable si elle s'est retrouvée droguée-du-violeur puis séquestrée et envoyée se faire prostituer à Outsiplou-les-bains. Bref, le réseau cartonne "C'est elle! assassin d'enfant! ordure, on t'a eu!

Avant le rideau, l'héroïne tue son meilleur ami, l'amour contrarié de son enfance, ce qui l'affecte 3 jours durant chez papa-maman, puis re-boulot, Yeah! plus d'obstacle pour devenir la cheffe du bazar car elle a Titi dans sa poche (spoil très moyen).

Bref, The Circle s'adresse aux spectateur/trices qui mettent leur cerveau au vestiaire et qui s'y laissent volontiers faire les poches.