Ah, la pochette surprise. Ce plaisir de l’enfance, celui de l’inconnu, de la découverte, de la prise de risque. Ce petit bonheur de rien du tout, celui des rêves que l’on fait avant d’ouvrir son enveloppe et d’enfin savoir ce qu’elle renfermait. Tous les espoirs sont permis, même les songes les plus fous. Des jouets, des merveilles cachées dans ces cônes de papiers pour lesquels je conservais minutieusement la monnaie du pain. Ces trucs qui systématiquement me décevaient, se révélaient être des gadgets en plastiques made in china, hyper fragiles et souvent déjà cassés, des bonbons sans saveurs dont personne ne veut en temps normal et autres sifflets en forme d’oiseaux dont on se servait vingt secondes avant de les oublier. Oui, les pochettes surprises étaient un désenchantement régulier. Et pourtant, l’appât du jeu, la bêtise et l’espoir me poussaient inlassablement à y revenir. Une maladie dont je souffre encore aujourd’hui, et dans bien des domaines malheureusement.

Y compris pour le cinéma. Mon grand plaisir concernant ce domaine, c’est celui de la découverte. Celui de prendre le risque de téma un film que je ne connais pas, dont je n’ai pas du tout entendu parler, ou très peu en dehors de son pitch. Évidemment, ça n’est pas toujours possible. Les grosses nouveautés, les immanquables ne permettent que peu souvent ce genre de fantaisie. Restent les autres. Les petites sorties discrètes, les Direct-To-DVD, les trucs chelous que l’on récupère un peu par hasard, comme pour compléter un panier pour avoir les frais de port gratuit chez certains vendeurs en ligne.

C’est ainsi que j’ai pu mettre la main sur The Collection, la suite de The Collector. Et j’aurais pu m’abstenir pour plein de raison. La première, c’est que les scénaristes se sont ‘achement foulés pour lui trouver un titre plus original que “The Collector 2”. La seconde, c’est quand même sacrément ripou. C’est d’autant plus dommage que le premier était une excellente surprise. Un film d’horreur poisseux, intense, proposant un réel suspense, une tension palpable, un affrontement entre deux hommes mené à coup de pièges et de ruses bien foutu. Un vrai bon film, avec des protagonistes intelligents, un duel digne de ce nom, une photo et une mise en scène chiadée. Tout ce qui fait défaut au second opus.

Non, ça serait mentir que de dire ça. Le premier quart d’heure est assez rigolo, ce grâce à cette savoureuse combinaison “Moissonneuse-batteuse/Boite de nuit bondée”. Et le monte-charge. Mais qui descend pour le coup. Ouep, c’est tout ce que je sauverais. Ensuite, on vire dans le classique “déjà-vu mille fois”. Dans son histoire d’abord, puisque l’on oublie le côté « tueur psychopathe prenant une famille en otage dans leur propre maison », pour basculer dans le traditionnel “commando de gros durs venu libérer la fille d’un millionnaire”. Exit les jolies maisons bourgeoises, bonjour la vieille usine désaffectée. Ambiance couloirs défraîchis, pièces en béton armé et tournage ayant probablement eu lieu en Roumanie ou genre, comme cela semble devenir la norme ces dernières années. On ne perd pas grand-chose remarquez, la mise en scène étant plate comme une Chinoise de onze ans et la photo plus commune que l’herpès dans une boite de nuit provinciale, le réaliser dans un cadre exceptionnel aurait été rageant. Heureusement, ils se sont dit que quitte à faire de la merde, autant la faire dans un décor de chie. Et avec des scénaristes de chie aussi.

Non parce que tout est tellement prévisible. Si grossièrement prévisible. Sans une once d’originalité. Même les personnages sont devenus affreusement bêtes en comparaison du premier film. Dans ce dernier, on regrettait la tournure des évènements, on s’attachait aux protagonistes. Ici, tout le monde mérite de crever, et en douillant sévèrement si possible. Un peu comme les vieux qui payent leurs courses avec des pièces jaunes cinq minutes avant la fermeture du magasin. Leur souffrance n’est qu’un juste retour des choses, une façon pour la nature de s’excuser pour les avoir laissé passer lors de la sélection à l’entrée de la Vie.

Ouep y’a pas grand-chose à sauver dans The Collection. Il se vautre aussi magistralement que The Collector était réussi. La malédiction des suites probablement. Un détail que je devrais prendre plus en compte avant de regarder n’importe quoi pour tuer un samedi soir. Quoi que je dis ça, mais comme lorsque j’étais gamin avec ces foutues pochettes surprises, la curiosité finira toujours par avoir le dessus. Que voulez-vous, c’est plus fort que moi : découvrir ce qui se cache à l’intérieur des choses est un sacerdoce, quitte à (souvent) mettre le nez dans de la merde.
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le 24 mars 2013

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