The Crow, adapté du comics du même titre de James O'Barr, a déjà vingt cinq ans. Le film instaure un plaisir nostalgique à chaque nouveau visionnage, plaisir aidé par une bande son servie par des artistes et groupes qui étaient un peu la crème des années 1990 comme Medicine, Stone Temple Pilot, Rollins Band, Nine Inch Niles, Helmet, sans omettre la participation logique de The Cure à l'univers sombre et gothique présent.
Le film raconte l'histoire d'Eric Draven revenu d'entre les morts et qui a bien plus qu'une fonction d'un vengeur violent. Il est l'archange noir, ce cri de désespoir, cette rage de justice contre un crime ignoble qui a touché sa fiancée Shelly Webster et lui-même. Là où la justice des hommes, dans une ville en proie aux flammes de la Nuit Du Diable et au chaos, faillit face à une pègre qui agit en toute impunité, Eric, guidé par son corbeau, revient afin de punir ceux qui lui ont détruit tout avenir. Il n'acceptera le deuil de sa vie avant de retrouver sa dulcinée dans l'au-delà que quand il aura réglé leur compte à quatre malfrats qui sont la cause de son malheur et par lequel pardonner ne lui est plus possible. Il est celui qui ramènera un équilibre, dépassant par-delà sa quête personnelle au final.
Brandon Lee, hélas tué accidentellement pendant le tournage d'une scène en 1993, incarne avec talent son personnage tout de tragédie et de beauté dans un décor urbain détrempé par la pluie, qui n'a rien à envier au Gotham de Batman. Ernie Hudson joue le policier Albrecht, déchu de sa fonction d'officier par un supérieur aussi arrogant qu'incompétent. Il aidera malgré les obstacles et en dépit de sa carrière le héros à trouver la paix. Chez les malfrats, Michael Wincott, acteur canadien affilié à des rôles de méchants souvent barrés au cinéma, a ici un rôle sur mesure dans son costume de Top Dollar, un parrain cynique sans aucun scrupule à la tête des bandes sévissant dans la ville qu'il contrôle.
Les photos et les lumières offrent des rendements crépusculaires et délabrés bien réalisés. Les compositions musicales originales (pas cette fois la bande son rock des groupes cités plus haut) assistent les passages émouvants dont certains peuvent encore tirer quelques larmes comme à la fin
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Les années ont fait prendre quelques coups dans les ailes de The Crow, c'est certain, on peut le ressentir par moment. Cependant, avec des suites plus que discutables réalisées plus tard et un refait annoncé qui ne verra pas le jour avant un moment, on préfère rester attaché au film d'Alex Proyas qui a failli ne jamais sortir sur les grands écrans après le pénible drame de son tournage qui rongera longtemps l'acteur Michael Massee (le junkee défoncé Fun Boy) qui tenait l'arme, décédé il y a quelques années.
La chanson finale de Jane Siberry, "It Can't Rain All The Time", procure encore autant d'émotion entre joie et grande tristesse d'un adieu. Les dernières paroles de Sarah (la monstresse du skate sous les averses incessantes), quand le corbeau s'en va vers le ciel nocturne et gris, sont toujours bonnes à prendre.