The Dark Knight - Le Chevalier noir par Cinemaniaque

Comme tant d'autres films dans le même cas, on ne saura jamais réellement à quel point la disparition brutale de Heath Ledger a su influencer la promo et la réception du film sur les spectateurs ; auraient-ils autant curieux si Ledger était encore en vie ? J'ose espérer que oui, car Dark Knight possède encore aujourd'hui des qualités qui méritent le détour. D'une part il y a Heath Ledger justement, qui est le véritable centre d'intérêt du film : en ayant l'intelligence et le talent de prendre le parti totalement inverse de Jack Nicholson, Ledger parvient à s'imposer derrière le maquillage de l'un des plus grands sociopathes du 9ème art, et sa fourberie n'a d'égal que son humour à deux balles (tirées dans la tête). Encore maintenant, libéré de tout effet médiatique, la prestation de Ledger reste hallucinante, l'acteur parvenant à se faire totalement oublier derrière son personnage et évitant tout surjeu que peut induire le comportement du Joker. Oui, Dark Knight est un film de Batman, mais c'est surtout le film du Joker grâce à lui.

Parallèlement, il ne faut pas négliger le reste du casting, bien plus convainquant que celui de Begins, ou la réalisation plus maîtrisée de Nolan, qui parvient à alterner subtilement cinéma d'auteur et grand spectacle, explorant à nouveau des thèmes qui lui sont chers (la dualité, l'équilibre du Bien et du Mal, la solitude) tout en faisant exploser un hôpital ou en faisant faire un salto à un camion. Et si Nolan inscrit cette version de Batman dans une approche radicalement réaliste (le Gotham encore imaginaire de Batman Begins est devenu une copie de Chicago ici), elle ne dessert pas pour autant le récit, au contraire (la référence à la politique d'espionnage civil de Bush) et rapproche, finalement, le film du comics selon Frank Miller.

S'il fallait les comparer en fonction des comics d'origine, alors il est certain que le Dark Knight de Nolan (Miller) équivaut très largement le Batman Returns de Tim Burton (Kane). Et ça, ce n'est pas le moindre des compliments.