Du chaos viendra l'espoir.

Fort du très bon accueil qu'a reçu "Batman begins", Christopher Nolan, toujours aidé par David S. Goyer au scénar ainsi que par son frangin Jonathan, se voit attribuer une liberté quasi-totale par la Warner, explosant ainsi les limites du blockbuster grand public, livrant aux bouffeurs de pop-corn non pas un film de super-héros lambda (ce qui aurait été très bien aussi) mais un thriller urbain épique et grandiose, d'une noirceure toujours étonnante (c'est d'ailleurs grâce à ce film qu'un projet comme "Watchmen" a pu voir le jour). A l'aide d'une intrigue complexe mais parfaitement construite, Nolan continue son exploration du bien fondé d'une justice confiée à un bourreau auto-proclamé (Christian Bale, parfait), offrant une reflexion pertinente sur la notion d'héroisme et surtout sur la nécessité de préserver l'image immaculée d'un symbole de paix et d'espoir (magnifique Aaron Eckhart), même si pour cela il faudra sacrifier sa propre image ainsi que ce qui nous est le plus cher. Maîtrisant parfaitement sa mise en scène, peignant de purs tableaux iconiques et offrant de grands moments de cinéma (la capture du Joker, l'explosion de l'hopital...), Nolan pousse encore plus loin le concept du premier film, transformant la ville de Gotham en véritable Rome moderne et tentaculaire, livrée à un chaos monumental orchestré par un agent du mal psychotique et réellement effrayant avide d'anarchie ("Certains hommes ne vivent que pour voir le monde en feu" dira à un moment un Michael Caine toujours excellent), incarné par un Heath Ledger absolument sidérant qui manque décidément beaucoup au cinéma. Aussi passionnant qu'il est spectaculaire, "The Dark Knight" est une des visions les plus réussies du chevalier noir, et reste un exemple parfait de blockbuster ultime, à l'image d'un "Terminator 2" ou d'un "Seigneur des anneaux".