Gotham City est rongée de l'intérieur.

Le chevalier noir, défenseur de la veuve et de l'orphelin, est celui qui compense l'extension de la pègre locale et des influences qu'elle influe.

La ville n'est plus la même. Elle n'est plus la face über-gothique de New York. Elle est devenue une mégalopole supplantée par des infrastructures de verres. La puissance économique est plus importante, multipliant les affaires de pots de vin et le business désobligeant, obligeant Bruce Wayne à faire un voyage jusqu'à Hong-Kong pour régler les choses par ses mains impénitentes.

Dans The Dark Knight, Nolan poursuit l'introduction d'un antagoniste emblématique, le Joker, joué brillamment par le défunt Heath Ledger. L'ennemi juré de Batman vole la vedette à ce dernier. Le design d'abord, qui est tout simplement dément, ce maquillage baveux et fait à la main reflétant toute la folie du personnage grâce à des mimiques terrorisantes et trouillardes.

On voit la ville de Gotham à travers les yeux de ce détraqué qui pervertit ce qu'il y a autour de sa figure... il se désintéresse du pouvoir en tant que tel, lui, il veut simplement foutre le bordel. Il constitue un mystère pour tous, puisque contrairement aux autres gangsters, son appât du gain est faible, il est au degré zéro... ça ne l'amuse pas, c'est beaucoup trop simple à accomplir. Un Joker aussi fou qu'intelligent, aussi effrayant qu'imprévisible.

Et puis, tout a beau se concentrer sur le Joker, le justicier noir n'est pas oublié. Son ombre est toujours là, quoi qu'il arrive, les allusions sur sa personne ne manquent pas de ponctuer certaines situations. Plus encore, ce deuxième épisode donne les lettres de noblesse à ce duo mythique au cinéma j'en rêvais. Le Joker et Batman sont liés, pour le meilleur et pour le pire.

La touche personnelle de Nolan est délicieusement probante, abordant des thématiques telles que la frontière entre le bien du mal pour laquelle se confronte éperdument des face-à-face psychologiques, mais où les les apparences peuvent parfois être trompeuses, et il n'y a rien de plus percutant pour alimenter l'ambiance torturée, installée de parts et d'autres.

Bruce Wayne et son alter-égo n'en finissent plus de perdurer dans une constante évolution. L'homme se pose des questions, doit-il rester dans l'ombre en sauvant des vies, car quand surgit Harvey, le chevalier blanc comme ils l'appellent, un nouvel étendard pour Gotham se soulève tout haut dans le ciel. Ces deux personnes, Harvey aimé par la majorité des citoyens et Batman le mystérieux, qui laisse un flou auprès des gens qui ne le considèrent peut-être pas à sa juste valeur. Bruce le sait, il en a conscience, et il va devoir en accepter les conséquences et suivre sa propre voie, il va se limiter dans sa traque du banditisme. Le chasseur devient le chassé.

En conservant les ingrédients qui ont fonctionné efficacement dans le premier volet, monsieur Nolan offre dans celui-ci une structure encore plus forte, ne perdant jamais de sa superbe. La finesse de l'image et le montage un tantinet singulier se dote d'une cosmétique maniaque et grisante s'alliant aux musiques ténébreuses qui vont au rythme des nuits épaisses de la cité noire. On peut néanmoins reprocher un petit souci d'équilibre, c'est un peu longuet par moment, et les enjeux mis en évidence éclipsent l'aspect héroïque, sauf dans sa conclusion.

Un blockbuster de luxe, d'une saveur extatique, marqué au fer rouge par le clown excentrique au faciès tragi-comique. Why so serious ?
Eren

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