Au panthéon des films de super héros

Batman instigue désormais la peur chez les criminels de Gotham City, dont l'empire s'effondre peu à peu. Jusqu'à ce qu'arrive le Joker, psychopathe anarchiste qui rêve d'embraser la ville... Après le reboot réussi "Batman Begins", Christopher Nolan poursuit sa trilogie avec "The Dark Knight", fréquemment considéré comme le meilleur film Batman, et en tout cas énorme carton en 2008 (le film fut l'un des premiers à atteindre le milliard de dollars de recettes). Succès mérité ?

Assurément ! "The Dark Knight" revisite en premier lieu le film de super héros, en le modelant ici sous forme de drame criminel à la "Heat" (auquel la scène d'introduction fait d'ailleurs référence). Le scénario se centre principalement sur les tourments de Bruce Wayne / Batman dans son rôle de justicier, les méthodes discutables qu'il emploie, et sa perception par les foules. Mais également sur la démarche du Joker, dont l'allure instable et la démarche chaotique cache des plans en réalité bien calculés. Cet ensemble ne laisse aucun temps mort durant près de 2h30, et enchaîne rebondissements sur rebondissements, telle une spirale infernale. On reprochera peut-être seulement les quelques éléments un peu "gros" des plans du Joker.

Nolan est toujours en forme avec une réalisation maîtrisée et précise (à l'exception, comme souvent, des quelques scènes de combat en corps à corps peu fluides), et livre quelques moments de grand spectacle, comme cette fameuse cascade du camion avec un minimum d'effets numériques. Côté acteurs, on retrouve Christian Bale, Morgan Freeman, Gary Oldman et Michael Caine toujours très convaincants. Maggie Gyllenhaal remplace Katie Holmes et apporte plus de profondeur à son personnage, désormais tiraillée entre deux chevaliers à l'opposé. Aaron Eckhart est un choix étonnant mais pertinent pour incarner Harvey Dent, procureur arriviste, flamboyant, dont le bon fond et la volonté de justice vont peu à peu virer. Toutefois, la palme revient bien sûr à Heath Ledger, qui tire malheureusement sa révérence avec ce qui sera le rôle de sa carrière. Un Joker à la fois intelligent, manipulateur, psychotique, violent, calculateur, qui parviendrait presque à faire oublier la prestation de Jack Nicholson en 1989, ce que personne n'aurait envisagé en 2008 !

"The Dark Knight" est donc une franche réussite, point d'orgue d'une trilogie qui marquera le film de super héros.