J'avais lu grand bien sur ce énième opus des aventures de la Chauve-Souris au torticolis permanent, il a donc fallu que je me fasse ma propre idée, d'autant que Christopher Nolan, quand même, c'est pas de la gnognotte. Bilan mitigé. D'un côté, le réalisateur a eu la bonne idée de lever le pied sur les gadgets et les combats. En fait, le Batman n'apparaît pas tant que ça à l'écran, et on s'aperçoit bien vite que ça ne manque pas. Parce que quand il est là, monolithique et, pour tout dire, relativement balourd, il plombe un peu l'ambiance. Par contre, le Bruce Wayne prend de l'étoffe, et c'est plutôt bien. Le majordome aussi, bien qu'il ne reste pas énormément au centre de l'intrigue. En fait, c'est Catwoman qui rafle la mise. Elle a peu de mérite vu le méchant de carton pâte qu'on nous inflige : une montagne de muscles en veste de mouton retourné, affublé d'un masque à gaz bricolé par Giger et d'une voix d'hôtesse de l'air piquée aux hormones. Il échafaude un plan machiavélique qui donne du fil à retordre à notre bon samaritain aux yeux pochés de panda, mais s'effondre totalement au moment de son triomphe, sous prétexte d'un coup de théâtre capillotracté de bazar qui réduit en miettes tous les efforts antérieurs du scénario pour proposer une trame crédible. C'est la Bérézina, à peine rattrapée par un dilemme moral déchirant, quelques trémolos de bon aloi et une queue de poisson qui aurait eu du panache si elle avait été orchestrée par Hannibal Lecter depuis son café préféré de Florence. Mais bon, j'ai quand même du mal à comprendre la logique des préquelles, reboots et autres paradoxes temporels de cette franchise qui, comme Spiderman, nous refait au ralenti, supposément en mieux, les mêmes moments-clés d'une mythologie fictive... nous revoilà avec un Robin en puissance ou le futur méchant irlandais aux yeux bleus (pardon pour le pléonasme) avant qu'il ne sombre vraiment dans la folie, et, ça vient peut-être de moi qui prends tout ça avec trop de recul et qui ne bosse pas suffisamment mes cours de geek, ça me laisse une impression de gros fouillis assez problématique qui pose question sur la validité de certaines démarches artistiques. Ou peut-être qu'il fallait réfléchir moins, je sais pas...