Qu'un film de Jim Jarmusch soit présenté en ouverture du festival de Cannes n'a pas grand-chose d'étonnant. Que le film en question soit un film de zombies en revanche, c'est plus surprenant.
Quand on sait à quel point le genre a été usé jusqu'à la corde, on se demandait ce que le réalisateur allait pouvoir encore nous proposer d'intéressant.


A Centerville, trou paumé de 700 âmes quelque part dans l'Indiana (ou pas très loin) qui s'est octroyé le titre de "real nice place", la vie s'écoule paisiblement. Du moins jusqu'au jour où l'on retrouve deux cadavres sauvagement mutilés à l'intérieur du seul diner de la ville.
Des événements étranges qui coïncident avec la récente déviation de l'axe de la Terre dont se font écho tous les médias. Un phénomène qui ne semble guère émouvoir les habitants de Centerville, à l'exception de l'adjoint du shérif qui répète à qui veut l'entendre que "ça va mal finir"...


Si le scénario est digne d'une série B, on se doutait bien que Jim Jarmusch allait manier les codes du genre pour servir sa cause.
Malgré tout, les premières minutes du film déçoivent. L'ambiance mystérieuse que le réalisateur semble vouloir instaurer a bien du mal à prendre et les dialogues, notamment ceux entre Bill Murray et Adam Driver, manquent de relief.
De ce début raté, le film ne s'en relèvera jamais (contrairement aux morts de Centerville). On esquissera bien deux ou trois sourires (surtout lorsque la version "outre-tombe" d'Iggy Pop fait son apparition), mais globalement, peu de choses fonctionnent. Les vannes sont souvent ratées, les dialogues plats et le rythme guère plus élevé que l'électrocardiogramme de nos amis morts-vivants.


Bien sûr, Jarmusch n'allait pas nous proposer un film de zombies "premier degré". Mais même à d'autres niveaux de lecture, on ne trouve pas grand-chose d'intéressant à relever. Si l'œuvre est empreinte d'un évident nihilisme et balance sur la futilité de la société consumériste, la médiocrité supposée de nos vies et le désintérêt général pour les problèmes environnementaux, le message n'en est pas moins convenu. Il n'est du reste ni percutant ni convaincant dans la manière dont il est amené.


Si les fans de Jarmusch se délecteront peut-être des auto-références du réalisateur à sa propre filmographie, ils auront probablement du mal à trouver beaucoup d'autres sources de satisfaction à The Dead Don't Die.
Vaguement amusant, il n'en reste pas moins un film anecdotique qui passe à côté de son sujet quasiment à tous les niveaux.
On regrettera que des acteurs qu'on aime tant comme Bill Murray, Danny Glover ou Steve Buscemy soient mêlés à ce semi-naufrage. Seul Adam Driver, dans cette affaire, parvient à sauver (un peu) les meubles.
La seule manière d'apprécier un tant soit peu The Dead Don't Die reste finalement de ne rien en attendre et de le voir comme un film de zombies légèrement distrayant.

billyjoe
5
Écrit par

Créée

le 22 mai 2019

Critique lue 168 fois

1 j'aime

Billy Joe

Écrit par

Critique lue 168 fois

1

D'autres avis sur The Dead Don't Die

The Dead Don't Die
mymp
3

The boring dead

Après les vampires, les morts-vivants donc. Jim Jarmusch continue à revisiter genres et mythes populaires avec sa nonchalance habituelle, mais la magie ne prend plus, soudain elle manque, soudain il...

Par

le 15 mai 2019

83 j'aime

The Dead Don't Die
EricDebarnot
3

It's a fucked up film !

Il est difficile de rester impavide, quand on est un fan de Jim Jarmusch depuis ses premiers films, devant la véritable catastrophe industrielle que représente ce "The Dead Don't Die", qui constitue...

le 27 mai 2019

58 j'aime

15

The Dead Don't Die
Velvetman
6

ZombieLand

Le Festival de Cannes 2019 vient officiellement d’ouvrir ses portes. Et pour commencer, il nous offre sur un plateau le nouveau film de Jim Jarmusch, The Dead Don’t Die. Un film de zombies où le...

le 16 mai 2019

57 j'aime

1

Du même critique

Deux fils
billyjoe
7

Le cœur des hommes

On connaissait Félix Moati, l'acteur. S'il n'a pas joué que dans des chefs-d'oeuvre, le jeune homme a déjà une filmographie relativement dense. A 28 ans seulement, il sort en ce début d'année, son...

le 12 janv. 2019

13 j'aime

Dernier train pour Busan
billyjoe
7

Zombiepiercer

Le cinéma coréen a le vent en poupe, et il le mérite bien. Ces dernières années, les productions de qualité en provenance du « pays du matin calme » ont explosé. Le créneau fantastique est d’ailleurs...

le 1 sept. 2016

11 j'aime

La La Land
billyjoe
8

L.A Music Hall

A Damien Chazelle, on devait déjà le très bon Whiplash en 2014. A seulement 32 ans, et pour son troisième film en tant que réalisateur, Chazelle se plonge à nouveau dans le monde de la musique avec...

le 22 févr. 2017

9 j'aime