Ce n'est pas une critique à proprement parler mais plutôt un constat : on ne trouve pas forcément les adaptations là où on les cherche. Son étalage est assez confus, mais j'espère que vous irez jusqu'au bout du cheminement :
J'ai vu ce film à sa sortie, en 2005, et j'en suis ressorti traumatisé. Je me souviens très bien être allé ce soir là jusqu'à mon lit avec une épouvantable boule au ventre, obsédé par les visions de cauchemars de ces créatures faméliques grouillantes, merveilleusement mises en scènes.
Les années ont passés, le souvenir de ces créatures est resté plus ou moins présent dans ma mémoire, et le visionnage du second opus ne m'a laissé qu'une vague impression de surprise, nettement moins oppressante que ce film original. Et puis j'ai finis par oublier tout simplement l'existence de ce film.
Récemment, je relis l'intégralité de l’œuvre de Lovecraft, et je tombe sur "The lurking fear", "La peur qui rôde", édité en 1929. Dans cette nouvelle, l'auteur raconte l'histoire d'un homme qui recherche l'origine d'une série de meurtres inexpliqués dans une vallée où "poussent" des sortes de tertres. Il finit par se rendre compte qu'il n'y a pas qu'une créature, mais des centaines, qui grouillent dans des cavernes sous la vallée, issues de populations locales dégénérées (Lovecraft apprécie particulièrement ce genre d'idée ...), qui sorte parfois se nourrir à l'extérieur. Ces créatures sont décrites comme livides, maigres et griffues, avec des yeux glauques. Un passage en particulier est une analogie parfaite avec la première rencontre entre Sarah et l'une des créatures dans le film.
A la fin de la nouvelle, un vertige me prend, j'ai vu un film qui était une adaptation d'une nouvelle sans la citer, sans le savoir même, peut être. Une adaptation qu'on peut qualifier de libre, mais quelque chose qui est tout de même une adaptation.
Je ne sais pas si Neil Marshall a lu ou entendu parler de cette nouvelle, et sincèrement, je m'en moque un peu. Je ne crie pas au plagia, bien au contraire, c'est plutôt un plaisir impossible à expliquer, l'idée que la somme de tout ce qu'on engrange année après année ne forme finalement qu'une espèce de grande trame dans laquelle on peut faire des allers-retours sans discontinuer. Sur Wiki, on peut lire que Neil Marshall a été marqué par The Thing on peut donc imaginer le pont avec Lovecraft, et le marécage fertile dans lequel il s'est épanché pour réaliser ses différents films.
Peut être que je me trompe complètement, mais j'avoue que je m'en moque complètement. Voir The Descent comme une adaptation d'un récit de Lovecraft, avec tout ce que cela sous-entend, renouvelle d'autant plus le plaisir du visionnage.