Behind, les boyaux, il ne les aime que chauds et sanguinolents, quand il les arrache lentement du ventre de ses victimes, au fond de sa cave sombre et froide où il les torture. Sorti de sa tanière, le masqué, il est beaucoup moins à l'aise car il peine à contrôler ses instincts. Alors, les stages de cohésion, les singeries de sports extrêmes, la spéléo entre amis, avec ses boyaux sombres et humides par lesquels il faut passer, très peu pour lui. Merci... Mais non merci.


Peut être parce que Behind a été impressionné quand il a vu pour la première fois The Descent. Et que depuis, il se dit qu'il réside dans certaines grottes mal famées des sales bêtes qui pourraient lui faire concurrence. Qui dessinent des peintures rupestres et font les mêmes bruits que ceux de Flipper le dauphin pour communiquer.


La première approche de The Descent, la plus immédiate et facile, offre au spectateur un sacré survival généreux et ample, malgré des décors la plupart du temps exigus, suscitant sans peine un certain sentiment de claustrophobie. Sentiment démultiplié par la peur immémoriale du noir, et surtout, de ce qui se cache en son sein. Marshall pousse de cette manière le côté anxiogène de The Descent au maximum pour une efficacité de tous les instants, dans un affrontement entre son groupe d'héroïnes et une colonie primitive qui ne fait, finalement, que défendre un territoire demeuré inviolé. C'est l'occasion, aussi, de dessiner, pour Neil Marshall, nombre de scènes chocs parfois bien sanglantes et spectaculaires mettant en scène ces créatures à la fois bizarres et dérangeantes.


Mais si la menace vient de ce qui peuple les entrailles de la terre, elle se tapit aussi à l'intérieur du groupe. Car The Descent, c'est aussi l'histoire de la dégradation d'une amitié que l'aspect horreur ou genre du film ne fait que précipiter alors que celle-ci, censée souder six jeunes femmes, se fissure. Le mal prend ses racines un an plus tôt, à l'occasion d'un trauma familial qui hante littéralement les premières minutes du film.


Et si les retrouvailles semblent dans un premier temps sincères, il ne faut que peu de mots et d'effets à Neil Marshall pour matérialiser une certaine rancoeur, les tensions, des non-dits, puis pour faire voler en éclats, le temps d'une première attaque sauvage et traumatisante, les relations convalescentes entres les filles qu'il met en scène. Au point que l'instinct de survie plante un sacré coup de piolet dans la gorge de l'amitié.


Le film balance ainsi constamment entre les points de vue de ses deux rôles principaux, à l'évolution successive plutôt que parallèle, dans un voyage souterrain sans retour perlé de visions traumatiques, d'attaques sauvages ou de flashs soudains d'une réalité altérée, comme pour fuir l'espace d'un instant la brutalité du cauchemar.


Jusque dans une issue particulièrement noire, où la lumière du jour, blanche et froide, ne vient caresser que des ossements empilés. Avant de se rendre finalement aux ténèbres accueillantes dans lesquelles se dessine le visage d'un être cher.


Behind_the_Mask, pour qui spéléo' rime aussi avec tombeau.

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le 30 juil. 2016

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