Un très bel exercice de style.
Il est clair qu'après le navet Hitman la carrière de Xavier Gens, carrière qui n'avait jamais vraiment décollée, allait en prendre un sacré coup sur la caboche. Puis vint le cas de Frontière(s). Pas aussi mauvais que beaucoup l'ont laissé prétendre, ce dernier apparaissait comme un exercice de style bien exploité jouant à fond la carte du gore pour le gore. Les fans du genre étaient aux anges d'autant plus que l'ambiance glauque à souhait s'harmonisait parfaitement avec un casting plus déchaîné que jamais, Samuel Le Bihan en tête. Fort de ce succès qui lui rouvrit les portes du cinéma à l'international, Xavier Gens décide une ultime tentative sur le territoire américain (Matthieu Kassovitz n'en est jamais ressorti indemne) avec The Divide.
Mettant le spectateur dans la mouvance dès les premières secondes, The Divide est un huis-clos troublant que l'on aura bien du mal à rendre prévisible. Plusieurs personnes résidant dans le même immeuble accourent apeurées dans l'abri sous-terrain de leur gardien. On n'en sait pas plus si ce n'est que l'immeuble en question s'est effondré. Commence dès lors un crescendo paranoïaque obligeant le spectateur à se poser les mêmes questions que les protagonistes. Que sait-il passé ? Invasion du territoire américain par un ennemi inconnu ? Simple tremblement de terre ? Manipulation de l'esprit par un gardien d'immeuble qui n'a plus toute sa tête ? Les questions foisonnent au sein de notre esprit et même si le scénario se laisse plus ou moins anticipé (du moins dans ses grandes lignes), la montée en puissance de la tension jusqu'à son éclatement est tout bonnement jouissive.
L'atmosphère respire bon la privation et la crasse, la mise en scène, certes inégale, exploite à merveille le filon du film post-apocalyptique ne se dévoilant qu'au compte-goutte et le casting est d'une puissance émotionnelle sans faille. Sans tomber dans le spoiler, on peut aisément ériger en exemple les interprétations de Milo Ventimiglia et Michael Eklund. Fous furieux imprévisibles, ils parviendront sans trop d'effort à faire passer le spectateur par toutes les sensations possibles et inimaginables. Du rire à l'écœurement en passant par la colère et l'incompréhension, ils sont le faire de lance d'une montée en puissance brutale et sans concession de l'horreur.
Le seul point négatif qui viendra gâcher un plaisir qui n'avait cessé de croître au fil des minutes est l'apparition de longueurs intempestifs venant plomber le rythme et nous faire regarder plus d'une fois notre montre. Avec une durée approximative de deux heures, The Divide possède clairement une bonne demi-heure de trop. Sans elle, la tension aurait sans doute été plus percutante, plus incisive, plus insoutenable. Dommage. Il n'en reste pas moins un très bel exercice de style qui trouvera certainement un public très friand de ce qui se déroule devant ses yeux, un public qui en demande toujours plus quand il est question de sang, de crasse et d'horreur. Xavier Gens se fait un devoir de les rassasier de la plus belle des manières.
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Auteur : Wesley