Faire l’amour avec le cinéma qu’on aime, voila un fantasme que partagent bon nombre de cinéphiles. Passer de la position parfois frustrante de spectateur et traverser l’écran pour participer au festin sensoriel. De la condition d’amoureux, passer à celle d’amant. C’est ce fantasme qui semble régir les envies de Peter Strickland au fil de sa carrière; amoureux d’un certain cinéma bis des années soixante-dix, il a choisi de mettre tout son talent d’esthète pour prolonger à notre époque le plaisir (souvent coupable) de ses images, entre angoisse et érotisme. A la manière d’un Tarantino égaré dans ses rêveries d’adolescents, Strickland met ses émotions de fan au service d’un pan oublié du cinéma qui jouait davantage sur nos sens que sur nos cerveaux, du giallo italien à l’épouvante british en passant par les thrillers érotiques espagnols, des influences que l’on retrouve ici sous les incarnations des deux personnages principaux, presque plus sorcières ou enchanteresses que femmes.
L’histoire tient en une ligne et s’étend pourtant de la même manière que l’image se déforme parfois, comme si la temporalité du film était aussi intangible que celle d’un rêve éveillé : Cynthia et Evelyn se retrouvent dans une grande demeure anglaise pour s’adonner à leurs jeux de domination; Cynthia la dominante, Evelyn la dominée…jusqu’à ce que la mécanique de leurs rituels déraillent et que les rôles deviennent de moins en moins clairs. Si le réalisateur britannique se revendique à la fois de la transgression d’un Paul Morrissey et de l’ambiance noble des productions Hammer, le film trahit surtout l’influence de Jess Franco qui dans les seventies transformait chacune des héroïnes de ses films d’épouvante ou de terreur psychologique en icône érotique. (...)


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le 22 juin 2015

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