Le Cliffhanger du pauvre

Christian Duguay est le genre de cinéaste passionné qui a plein de bonnes idées mais qui n'a jamais les moyens de les mettre correctement en forme. Sous-estimé, il n'a jamais vraiment réussi à s'imposer et n'a enchainé que des petites productions d'action ou des téléfilms discrets. Ainsi, après le sympathique L'Art de la guerre, le réalisateur canadien s'offre un petit film d'action en pleine montagne où des snowboarders de l'extrême vont être pris en chasse par des bandits serbes armés jusqu'aux dents. Ça sent bon le direct-to-video et pourtant bon nombre de distributeurs mondiaux vont laisser sa chance à Duguay, à leurs risques et périls...

Car si le pitch n'a rien d'extraordinaire, il pourrait faire tout au plus un bon film d'action surmené à s'en faire jouir les mirettes. Seulement voilà, dans un souci de plaire aux djeunz, le metteur en scène va se laisser fourvoyer par un surplus de bêtise énormissime allant de gags débiles et surtout dispensables, de dialogues écrits pendant une pause-pipi et un casting volant au ras des pâquerettes allant du toujours aussi charismatique Rufus Sewell (l'homme qui ne choisissait pas ses scripts) à une ribambelle d'acteurs choisis à la volée, principalement issus de films d'horreur ainsi que notre Jean-Pierre Castaldi prêt à tout pour apparaître dans des productions internationales.

Et tout ce petit monde va s'amuser à blaguer, se draguer, fricoter dans un jacuzzi et faire du snowboard pendant près d'une heure, ne laissant le côté thriller qu'intervenir concrètement au bout des 20 dernières minutes. Frustrant n'est-ce pas ? Ainsi, ce qui aurait pu être un Cliffhanger plus moderne ne sera au final qu'une simple succession de plans extrêmes (remarque, c'est dans le titre) certes bien foutus mais à la longue ennuyeux, la faute à un scénario à moitié-inexistant et une prise de risque tout simplement absente. Un comble pour ce film qui s'annonçait un tant soit peu coolos.